Photo : Makine F. L'imam à lui seul peut-il permettre à un diabétique ou à un malade chronique de jeûner ? Dans beaucoup de cas, c'est le médecin traitant qui donne son aval d'autant que cette année, les jeûneurs s'abstiennent durant 16 heures de boire et de manger, alors que certains malades doivent prendre leurs médicaments toutes les quatre heures. Pour toutes ces raisons, le département de la Santé a sollicité les Affaires religieuses pour former les imams et les mourchidates pour sensibiliser les malades chroniques à consulter un médecin pour jeûner sans danger. C'est Dar El-Imam qui a abrité, hier, cette journée de formation. Ils étaient une cinquantaine entre imams et mourchidates à venir de quelques wilayas suivre les communications des professeurs en médecine sur la nécessité ou non de faire Ramadhan. Bouabdellah Ghoulamallah et Djamel Ould Abbès, respectivement ministres des Affaires religieuses et des Wakfs et de la Santé, ont donné le coup d'envoi à ce séminaire d'une journée. Le ministre des Affaires religieuses a indiqué que la problématique de la maladie et le jeûne sont explicités dans le Coran. « Dieu a consacré une sourate où il est permis à un malade de ne pas jeûner», indique-t-il. De son côté, le ministre de la Santé a précisé que son département a préparé à l'intention des imams et des mourchidates des fiches comportant tous les conseils à suivre par les cancéreux, les hypertendus, les diabétiques et les cardiaques pour jeûner sans problème et sans passer par les urgences des hôpitaux. Sur ce plan justement, le président de la Fédération des associations de diabétiques, Nouredine Boucetta, a souligné que le conseil du médecin doit passer avant la fetwa de l'imam car beaucoup de malades ont jeûné et se sont retrouvés hospitalisés suite à des complications. Dans ce même ordre d'idées, le Dr Kadri, chef de service de médecine interne à l'hôpital de Birtraria, a recommandé aux malades contraints de prendre des médicaments à des heures précises de demander conseil auprès de leur médecin. Tout en soulignant les bienfaits du Ramadhan sur les personnes saines (le foie, le pancréas, l'estomac observent un repos qui permet une régénérescence cellulaire et constitue une prévention des maladies chroniques), il a mis en garde contre tout excès à la rupture du jeûne. Quant aux personnes âgées qui souffrent de polypathologie, une attention particulière est recommandée par l'entourage et l'équipe médicale. Le Pr Boudiba du service de diabétologie du CHU de Mustapha, a lui aussi insisté sur les causes des maladies chroniques qui sont le fruit d'un déséquilibre alimentaire et l'hygiène de vie. « Au lieu de consommer de l'eau plate, les personnes sont portées sur les sodas », reproche-t-il. « Nous avons délaissé notre régime alimentaire basé sur les céréales et les légumes pour les fast-foods et les chawarmas », observe-t-il. Hadj Hadjadj, imam de la mosquée de Staouéli (ouest d'Alger) s'est dit heureux de suivre cette formation «car les imams ignorent beaucoup de choses relevant du domaine médical». Et c'est à ces imams et mourchidates qu'échoit le rôle de persuader un malade d'observer ou pas le jeûne.