Le scénario du pire n'a pas eu lieu. La mobilisation du « millionième » a été des plus modestes et laisse croire à une perte d'influence des Frères musulmans qui ont assurément perdu la bataille décisive de la rue. C'est du moins l'appréciation du vice-président chargé des relations internationales, Mohamed ElBaradeï, qui est opposé à toute forme de répression et partisan d'une « issue pacifique » à la crise. Il a affirmé que l'ancien président qui a « échoué » ne peut plus prétendre à une quelconque participation au processus de transition, tout en reconnaissant que « les Frères musulmans font toujours partie du processus politique ». Une base de compromis en perspective ? Si les islamistes restent réfractaires à toute solution qui ne garantit pas le « retour à la légitimité constitutionnelle », l'approche séduit l'Union européenne (UE) qui s'attelle à promouvoir une transition incluant « toutes les forces politiques ». Depuis le début de la crise, l'UE, qui s'impose en « facilitateur », a plaidé pour un « dialogue inclusif », la libération de tous les prisonniers politiques dont Morsi, et la reprise du processus démocratique. « Nous avons déjà joué un rôle très important de facilitateur en Egypte, et nous allons continuer », a déclaré le porte-parole de Mme Ashton, Michael Mann, précisant que l'UE « est presque la seule organisation avec laquelle tout le monde veut discuter en Egypte ». La chef de la diplomatie européenne, qui a repris le chemin du Caire, n'a pas de « plan » précis, assure son porte-parole. Elle ambitionne seulement de « faciliter les discussions destinées non seulement à la réconciliation, mais aussi à la définition d'une issue que toutes les parties pourraient accepter ». Dans ces rencontres tous azimuts avec le président intérimaire, Adly Mansour, le ministre de la Défense, Abdal Fattah Sissi, les représentants des formations islamistes et de la société civile et, par delà, les « discussions amicales et franches » avec Morsi, elle travaille patiemment pour renouer les fils du dialogue brutalement rompu. Cette initiative a été cautionnée par Washington qui, par la voix du secrétaire d'Etat à la Défense, Chuck Hagel, a de nouveau appelé les forces de sécurité à la « retenue » et à la « nécessité d'un processus de réconciliation ouvert à tous », a indiqué le porte-parole du Pentagone, George Little. Sur les traces d'Ashton, deux sénateurs, John McCaïn et Lindsey Graham, vont à leur tour se rendre au Caire. Dans cette crise inextricable, quelle chance au « dialogue inclusif » ?