Nafissa Lahrache, journaliste militante de la cause féminine, présidente de l'association Femme en communication, dit ne pas être une parfaite pratiquante, mais le Coran occupe une place importante dans sa vie. Une éducation qu'elle tient de son père, ancien membre de l'association des Oulémas musulmans. Qu'est-ce qui marque vos journées durant ce mois sacré ? C'est la première fois que je passe un Ramadhan sans activité. Je suis à la maison comme une femme au foyer. Par moments, je travaille chez mois, mais sans beaucoup de déplacements. Des vacances ont été accordées à toute l'équipe pour qu'elle puisse profiter du mois sacré loin des chaleurs suffocantes de l'été. Je reste une femme ordinaire qui cuisine, qui fait le ménage et le marché. Etant donné que je ne dors pas tôt, je ne suis pas matinale durant cette période. Je tiens à souligner que je ne suis pas du genre à préparer la chorba tous les jours. Je fais une préparation que je consomme en deux à trois fois. Etant au régime, je veille à ce que ma nourriture soit saine. J'évite les plats trop gras et les fritures et je préfère les grillades mieux que les « tadjines ». De temps en temps, j'opte pour un plat copieux. J'essaye de faire quelques petites surprises aux membres de ma famille en fouinant parfois dans les livres de cuisine étrangers. Le Ramadhan est supposé être un mois de piété et de foi. Dans ce cadre, je peux dire que je suis une pratiquante modérée. Sauf que le Coran occupe une grande place dans ma vie. D'ailleurs avant de dormir, j'aime écouter des versets coraniques, par besoin d'apaiser mon âme après une longue journée stressante. Donc, ce n'est pas uniquement le mois sacré qui me fait rappeler ma foi. Cette question est omniprésente en moi Dieu merci. Mon père était un membre de l'association des Oulémas musulmans et il nous a éduqués sur des principes religieux. On faisait la prière derrière lui et aujourd'hui on veille à préserver tous ce qu'il nous a inculqué comme pratiques, sans toutefois verser dans l'extrémisme. On a toujours respecté les préceptes religieux bien avant l'introduction de ce néo-islamisme, résidu des longues années de terrorisme. Le Ramadhan d'aujourd'hui n'est plus celui d'hier... Effectivement, les gens sont devenus plus exigeants. La société souffre de nombreux préjugés. Celui qui ne va pas à la mosquée est un mauvais jeûneur et il n'est pas un bon musulman. On distribue le couffin du Ramadhan devant tout le monde sans tenir compte de la dignité des nécessiteux, ce qui fausse complètement la démarche. Alors pourquoi autant d'idées préconçues et inutiles ? Le don doit être fait discrètement. C'est ce que nous apprend notre religion. On essaie en tant que membre du mouvement associatif d'apporter un peu de joie aux démunis. Par exemple, on avait fêté au niveau de notre siège « lilet ennass », la nuit marquant l'achèvement de la moitié du mois sacré. J'estime que le couffin qu'on offre durant ce mois est devenu une mauvaise habitude. Les gens font des chaînes interminables pour l'avoir. Ce qui encourage l'esprit de dépendance. C'est devenu hélas un commerce qui profite parfois à des gens qui ne sont pas dans le besoin. Il est possible par exemple d'offrir une prime spécial Ramadhan pour les petits salariés. Les communes peuvent aussi envoyer des aides à domicile aux nécessiteux. Qu'avez-vous à dire aux jeûneurs-râleurs ? On doit jeûner sur tout ce qui est mauvais. On doit éviter les blasphèmes, la drague dans les rues, de faire du mal aux autres. Tout cela doit être pris en compte par tout jeûneur éprouvant du respect pour notre religion. Il ne suffit pas de ne pas manger et boire pour dire qu'on applique parfaitement ce pilier de l'Islam.