Le Ramadhan touche à sa fin, que vous inspire-t-il ? Le mois sacré a été instauré par Dieu pour des raisons précises. Il constitue une occasion pouvant baliser le chemin de la piété, et raviver la flamme de la spiritualité. Il nous est recommandé de jeûner le jour, de lire le Coran de jour comme de nuit, de visiter nos proches et de soutenir les pauvres dans leur souffrance. Spirituellement, la personne se sent mieux qu'avant, surtout en termes de prière qui est multipliée durant ce mois. La prière pendant la nuit est plus efficace et plus propice à la récitation. Par ailleurs, je dois dire que l'on manque tous de sommeil durant cette période, chargée d'émotion, puisqu'on consacre beaucoup de notre temps pour la foi. Politiquement parlant, je dois répondre à trois ou quatre rendez-vous seulement durant la semaine. Je ne travaille pas beaucoup durant ce mois que je préfère savourer moment par moment pour profiter de toutes ses vertus. Pour ce qui est des courses, il y a celles que je fais moi-même et celle que font mes enfants. Avant la rupture du jeûne, je suis déjà à la mosquée de Draria « El Ansar » là où j'habite pour accomplir la prière d'El Maghreb, avant de rentrer chez moi afin de partager la table avec ma petite famille. Les dattes doivent êtres présentes au menu, en plus de la Chorba et du Bourak. Pensez-vous qu'il existe une prise de conscience quant à l'importance de ce mois ? Notre société renferme un mélange de caractères. Il existe ceux sacralisant ce mois et qui veillent à lui donner sa juste valeur et ceux dont la spiritualité est aléatoire et ne lui porte pas une grande importance. Ils jeûnent uniquement en s'abstenant de manger sans se soucier du côté spirituel qu'ils doivent consolider. Manquer aux exigences de ce mois peut être considéré comme une injustice envers soi, compte tenu des multiples bienfaits réservés aux jeûneurs. Lier le jeûne aux mauvaises pratiques des commerçants ou à la cherté de la vie est quelque chose d'insensée. Les retombées des conditions sociales sont secondaires, puisque le Ramadhan ne demande pas beaucoup de moyens, si toutefois on se concentre plus sur la manière dont il faut plaire à Dieu et comment répondre à ses recommandations. Ce qui ne m'empêche pas de dire que l'exploitation des commerçants contredit toute moralité. La course au gain facile relève du manque de foi et de considération pour ce mois. Ces gens-là sont dépourvus de croyance et devraient se ressaisir en tant que musulmans appartenant à ce digne pays. Le Ramadhan est aussi un mois de solidarité... Effectivement. On devrait penser aux nécessiteux durant ce mois. L'Etat doit procéder à l'augmentation des salaires garantissant aux citoyens une vie digne au lieu de leur fournir des couffins. On devrait également penser à une prime respectable à attribuer à ces familles démunies durant toute l'année, en remplacement de ces aides qui n'interviennent que durant le mois sacré. Après, on leur dit : débrouillez-vous. On est un pays riche qui accumule des mannes financières depuis cinquante ans maintenant. Beaucoup d'argent est déboursé de façon irrationnelle, sans compter les multiples formes de gaspillage constatées. Le citoyen a le droit d'être assisté par son gouvernement, que ce soit durant le Ramadhan ou après. Le pouvoir doit lui garantir ses six droits, dont la répartition juste et légale des biens de ce pays. Les richesses sont celles du peuple et non pas l'apanage d'une frange précise de cette société.