« Vos sit-in incessants n'ont aucune utilité sur les plans politique et juridique. Vous pouvez y mettre fin sans dommages, vous serez intégrés politiquement. Si vous voulez soutenir les Frères musulmans, votre départ sans dommages des sites permettra à cette organisation de retrouver son rôle au sein du processus politique démocratique. Si c'est vous-mêmes que vous pensez protéger en restant avec vos confrères, nous nous engageons à ce que vous retrouviez sains et saufs une existence normale en tant que citoyen libre et honnête », a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, dans un communiqué lu à la télévision. Mais, l'offre des autorités n'a pas trouvé d'écho dans le camp islamiste qui se prépare à la confrontation annoncée. Les partisans du président déchu, Mohamed Morsi, continuaient de défier militaires et policiers. Ils ont franchi une nouvelle étape en appelant à un troisième sit-in sur une place de la capitale, et à marcher dans la nuit sur deux QG de l'armée et celui de la police. Toutes ces actions ont, cependant, tourné court. Une tentative d'installation d'un campement par un millier de manifestants a été immédiatement avortée par la police, alors que des citoyens ont empêché d'autres à s'installer sur une place du centre-ville. Sale temps pour les Frères musulmans, à bout de souffle. La mobilisation faiblit. Les marches qui se targuaient de rassembler des « millions » n'attirent plus la grande foule. L'étau se resserre autour des deux places érigées en forteresse, cerclées de barricades de fortune pour se préparer au pire. La situation, jugée « explosive » par l'un des médiateurs de l'Union européenne, le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, en visite au Caire, ne prête pas à l'optimisme. Même le vice-président Mohamed ElBaradei, partisan convaincu de la solution pacifique, a avoué son incapacité à contenir davantage les faucons. « Des gens sont vraiment furieux contre moi parce que je dis : prenons notre temps, parlons avec eux. L'humeur, maintenant, c'est plutôt « écrasons-les », a-t-il assuré dans un entretien au Washington Post. « Je tiens le fort, mais je ne tiendrai pas longtemps », a-t-il précisé. L'assaut paraît donc imminent. Il est d'abord conforté par le mécontentement grandissant et le soutien manifeste d'une majorité d'Egyptiens et des médias. La caution inattendue du secrétaire d'Etat, John Kerry, estimant que l'armée a « rétabli la démocratie » à la demande de « millions et de millions » de manifestants, fragilise les Frères musulmans enlisés dans une crise sans issue. La médiation européenne n'a pas donné les résultats escomptés. Depuis plus d'une semaine, Le Caire a connu un vaste ballet diplomatique de l'UE et de la communauté internationale redoutant un bain de sang. Sur les traces de l'émissaire européen, Bernardino Léon, le secrétaire d'Etat adjoint, William Burns a repris son bâton de pèlerin pour une médiation de la dernière chance qui entend rejeter « les violences » et favoriser le « dialogue inclusif » entre toutes les parties. Washington réussira-t-elle à éviter l'irréparable ?