Du temps des ottomans Alger était parsemée d'une multitude de souks dédiés à tout ce qu'elle produisait comme biens. Il y avait aussi ces rues consacrées aux différents métiers artisanaux. Ainsi l'actuelle place des martyrs était un quartier grouillant, où retentissaient les cris des marchands et le bruit des marteaux des petits artisans, entassés dans des maisons basses. Réseau de rues très étroites, où l'on ne pouvait circuler qu'en jouant des coudes. A la bordure nord se trouvait la rue Erressassia, rue des ouvriers en cuivre et des plombiers. Puis, en allant toujours vers le sud, la rue el Ferraghia, rue des serruriers; le bachmaqji, rue des cordonniers; la zankat el Dhaouda, où travaillaient les fileurs d'or; la zankat Essagha, où des juifs fabriquaient des bijoux d'or et d'argent; la zankat el Nehas, où l'on ciselait des objets de cuivre; la rue El Messaïssia, où l'on confectionnait des bracelets de corne de bœufs ou de buffles, dont Alger faisait grand commerce avec l'intérieur et dont se paraient les femmes trop pauvres pour acheter des bijoux en métaux précieux. Elle était prolongée par la zankat Es Sebbaghines, rue des teinturiers. En face de la porte de la Mer (Bab el Bahr) l'actuelle amirauté, s'ouvrait la Tchaqmaqjia, souk des fabricants ou réparateurs de fusils. En contre bas de djamaâ Lekbir il y avait le marché au poisson. La partie est de la place formait le quartier intellectuel. On y voyait flâner des étudiants devant les boutiques des libraires et des enlumineurs. En allant vers la mosquée de Sidi Ali Betchine on trouvait, le long de la rue Bab-el-Oued, une série de souks, particulièrement celui du cuir (El Bellardjia), où l'on allait acheter des harnachements, les babouches et des souliers de cuir jaune. Au sud, la longue rue Bab-Azoun était une succession de souks très animés : Souk el Kebir, Souk El Kherratine (tourneurs), Souk es Semmarine (maréchaux ferrants), enfin Souk er Rahba (marché aux grains) au débouché de la place où les marchands de l'extérieur stationnaient après avoir franchi les murailles de la ville. Au pied de l'actuel théâtre national algérien (TNA) qui était alors un rocher, servant de tir à la cible, se tenait le marché au charbon. Les autorités pour inspirer confiance au commerce, faisaient régner dans la ville une discipline sévère. Ainsi les coupeurs de bourse et les marchands à faux poids étaient pendus à la place Bab-Azzoun.