Mémoire L?histoire raconte que c?est l?émir sanhajien Bologgin Ibn Ziri, sous la domination fatimide, qui a fondé la ville d?Alger, appelée «El-Djazair Beni Mezghanna». Elle était surnommée également «Al-Mahrûssa», la bénie. Pour défendre et protéger sa ville grouillante d?activités commerciales, scientifiques et artistiques contre d?éventuelles offensives, ibn Ziri la dote de la Casbah, mot qui signifie forteresse (kalaâ ou hissn en arabe) et d?une muraille qui s?ouvre au sud sur Bab Azzoun et à l?ouest sur Bab El-Oued. La belle médina s?étendait sur 35 ha et a été ceinte de murailles descendant jusqu?à la mer, doublées d?un fossé qui cerne la ville. Après la conquête ottomane au XVe siècle, elle sera renforcée de remparts solides, de casernes, d?édifices publics et de forts et fut baptisée capitale du pays, réputée pour son invincibilité face aux nombreuses attaques européennes. El-Djazaïr s?enrichit, grâce aux guerres de course, aux différentes taxes douanières et au commerce extérieur. Les différents pays courtisent son amitié et nouent des relations diplomatiques et ratifient les traités de paix sans compter les redevances qu?ils paient. La Casbah, à elle seule, comptait environ 40 000 habitants dont 2 000 Turcs et 6 000 Israélites algérois, une cinquantaine de hammams, une centaine d?écoles et de mosquées, près de 200 fontaines pour alimenter la plupart des rues et impasses et 14 synagogues. Elle se divise en deux parties : une ville haute (el-djebel) aux ruelles irrégulières ou vit la population la moins fortunée et une ville basse (el-wata) avec des rues régulières habitées par la caste dominante d?origine turque. Celle-ci s?organise autour d?une zone centrale où convergent les trois grandes rues commerçantes de la ville : la rue Bab el-Jezira par laquelle passe le trafic militaire et commercial du port ; la rue Bab Azzoun mène à la porte du même nom, au sud, d?où partent toutes les routes pour l?intérieur du pays et la rue Bab El-Oued qui dessert les faubourgs nord de la ville. Ses multiples quartiers se différenciaient selon les métiers, l?appartenance culturelle ou géographique. Ainsi, l?on retrouvait le quartier des juifs, le quartier des teinturiers, des Biskris? Chaque «petite cité» avait son derb (impasse), sa porte, sa mosquée, sa synagogue, sa chapelle ou sa fontaine? Toutes ces communautés vivaient dans une bonne entente et une cohésion sociale et culturelle.