L'Algérie ne pêche même pas 72.000 tonnes de poisson annuellement et elle importe 600.000 tonnes de congelé, a indiqué hier Hocine Bellout, secrétaire général du Syndicat des marins pêcheurs. « Le ministère a parlé de 130.000 à 200.000 tonnes par an. Il n'en est rien », a ajouté M. Bellout. Pour lui, l'Algérien ne consomme même pas un kilogramme de poisson par an, alors qu'on fixe ce ratio à 6,12 kg/habitant/an. A titre indicatif, ce ratio est de 12 kg/hab/an au Maroc et de 10 kg/hab/an en Tunisie, a-t-il comparé. « La production halieutique a été une catastrophe à cause de la pollution, la pêche à la dynamite et l'utilisation de filets interdits comme les dérivants et le pélagique à quatre bras », a-t-il dénoncé en soulignant que les dimensions des mailles de filet ne sont pas respectées, alors que l'Algérie a signé des conventions internationales. Par ailleurs, « il existe des pratiques qui font flamber les prix comme l'informel qui sévit en face de la pêcherie d'Alger, entre 4 et 5 h du matin, sans que les gestionnaires du port interviennent », a-t-il affirmé. L'autre problématique est celle du non-respect de la chaîne de froid, a-t-il noté. Concernant la ressource, la sardine de 6 cm est pêchée et même vendue alors qu'il est interdit de pêcher la sardine de moins de 11cm. « Des filets de moins de 11 cm sont utilisés car nous retrouvons ceux de 6 à 6,5 cm en possession de certains pêcheurs », a-t-il ajouté. Enfin, pour un représentant des pêcheurs, « l'aquaculture est un échec sauf à Azzefoun où la daurade et le loup de mer sont produits », a-t-il relevé. Pour sa part, Salah Kabèche, président de l'Association de jeunes marins pêcheurs et armateurs de Tipasa, signale que la production a chuté de 75%. Une information confirmée par le syndicat. Cette diminution progressive de la ressource date de 2000. « Avant, les sardiniers ramenaient au moins 100 caisses par pêcheur et par jour durant la saison estivale, soit entre juin et août. Actuellement, ils ne remplissent au mieux que 30 caisses », a-t-il précisé. Pour cet armateur, « pratiquement tous les professionnels se sont mis à la pêche à la dynamite » car face à la concurrence des hors-la-loi, ils sont obligés d'en faire de même. La surpêche, la pollution et l'exercice de la pêche par des « gens étrangers au métier font que la production a fortement diminué », affirme-t-il. Dans la wilaya de Tipasa, on dénombre une cinquantaine de sardiniers de 12 à 14 marins pour le 11 mètres et de 22 à 25 marins pour le 18 mètres, une vingtaine de chalutiers de 7 à 10 marins et 70 petits métiers de 5 à 6 marins, a indiqué M. Kabèche. A travers les 14 wilayas côtières, ils sont 52.500 marins pêcheurs dans 31 ports de pêche avec 4.500 unités de pêche (embarcations). Pour la ressource, il existe 194 espèces de poisson et 600 espèces d'algue, selon Hocine Bellout.