La sardine coûtera encore plus cher dans les mois à venir. Si elle est actuellement cédée entre 400 et 600 DA dans certains marchés, elle atteindra 800 DA dans quelques mois, s'alarment les membres du comité des marins pêcheurs désespérés de «l'état comateux» du secteur de la pêche. Hocine Bellout, président de ce comité affilié à l'Union générale des commerçants et artisans, avance la pollution comme principal facteur ayant engendré la baisse des quantités de ce poisson disponibles au niveau de nos côtes. Les marins pêcheurs accusent les responsables de Sonatrach de ne pas avoir respecté les textes de loi, obligeant l'opérateur à traiter les déchets versés directement dans la mer. Ils leur endossent une partie de la responsabilité de la «catastrophe écologique que subissent les différentes espèces de poisson». Ainsi, selon le président du même comité, les plateformes pétrolières, les raffineries et autres structures industrielles, relevant de la responsabilité de Sonatrach, comme c'est le cas à Arzew, à Alger et à Skikda, ne sont pas dotées suffisamment de stations d'épuration. «Les textes existent pourtant, mais ce sont leur application qui fait défaut», précise le représentant des pêcheurs. Seules deux stations d'épuration des eaux usées sont disponibles, alors que la loi prévoit une station pour 100 000 habitants. Les stations de dessalement de l'eau de mer sont également pointées du doigt par les professionnels de la pêche. Ces complexes augmentent la salinité de l'eau de mer qui a pour effet de faire fuir la sardine des eaux territoriales algériennes. La sardine serait donc en voie d'extinction chez nous ; les pêcheurs tirent la sonnette l'alarme concernant le non-respect de l'âge et de la taille minimale autorisés à la pêche. «Des intervenants dans le secteur n'hésitent pas à écouler des quantités de petits poissons ne dépassant pas 4 cm, alors que la loi fixe la taille minimale à 11 cm. Ce sont des bébés-poissons qui sont vendus au vu et au su de tous les contrôleurs», accusent également les représentants de cette corporation. «Les ressources ne se régénèrent pas convenablement. Avec le laxisme qui prévaut dans le contrôle des zones interdites de pêche pour permettre aux espèces de poisson de se reproduire, on sera bientôt face à une extinction pure et simple de la sardine», s'inquiète-t-on également. M. Bellout a catégoriquement démenti les chiffres avancés dernièrement par le ministre de la Pêche concernant ce secteur. Ainsi, selon le même syndicaliste, les quantités pêchées ne dépassent guère 93 000 tonnes par an, alors que M. Khanafou évalue cette quantité à 170 000 tonnes. Le ratio national de consommation ne dépasse pas non plus 3 kg, au moment où le ministre, lui, parle de 6,12 kg. «Les responsables du secteur cachent les vérités concernant la consommation réelle et les potentialités de production. Le président de la République ignore certainement beaucoup de vérités», précise M. Bellout.