Né le 2 février 1937 à Seddouk, quatrième enfant d'une modeste famille, Rachid Adjaoud fut scolarisé en 1944 à l'école primaire du village où il obtient son certificat d'études en 1953. Il a édité au début de l'année aux Editions Casbah, le Dernier témoin, qui évoque avec beaucoup de talent et de sincérité son parcours de patriote mêlé à de nombreux épisodes de la guerre, dont le congrès de la Soummam. Vacataire à la mairie de Seddouk, il adhéra très jeune à une cellule du MTLD. Dès 1955, il créa avec quelques militants la première cellule de moussabiline et prit le maquis une année plus tard. Au congrès de la Soummam, il a fait partie du secrétariat du congrès avec Tahar Amirouchène, Abdelhafid Amokrane et Hocine Salhi. Le colonel Amirouche lui confiera ensuite plusieurs responsabilités car il fit partie de son secrétariat particulier avec sa garde rapprochée. Evoquant la tenue du congrès de la Soummam, Rachid Adjaoud se souvient de beaucoup de choses : « Je n'avais que 18 ans à l'époque, et je ne doutais pas du tout qu'un congrès allait se tenir dans la région de la ̈Petite-Kabylie, à une semaine du 20 Août 1956. » Déroulant sa mémoire, il se rappelle que « Si Hemimi et Naït Kabaâche, deux grands révolutionnaires, (me) demandaient de les accompagner sans que je sache la destination. Arrivé à Ifri après avoir traversé les douars de Chellata et Ighzer Amokrane, je remarquais une forte présence des moudjahidine positionnés le long du trajet. » A Ifri, on l'installa dans une pièce avec Tahar Amirouchène, Salhi Hocine et Abdelmadjid Amokrane. « Le jour J, Si Amirouche et Mohamedi Saïd sont venus nous voir pour nous informer que nous étions désignés pour assurer un secrétariat avec deux dactylos pour la frappe des documents », se souvient-il. Les responsables des différentes régions sont repartis avec chacun des exemplaires des documents tapés après avoir été corrigés par Abane Ramdane. L'organisation qui a entouré les assises l'a impressionné. « Tout le village était sous surveillance des moudjahidine. Et Si Amirouche nous ramenait des polycopies que nous tapions à la machine, sous l'œil vigilant de Mohamedi Saïd », poursuit-il. « L'armée française ne savait rien de ce qui s'est organisé dans ce village d'Ifri. En novembre 1956, on est même revenu à Ifri pour une nouvelle réunion des responsables de la région de la Wilaya 3 pour l'application des résolutions du congrès, notamment la mise en place des structures », confie-t-il. « Le congrès de la Soummam a été préparé dans la plus grande clandestinité, à quelques kilomètres des postes militaires français de Taourirt, Akbou, Takrietz et Seddouk. Il a été une réussite complète et s'est déroulé sans aucun incident notable », fera-t-il remarquer.