Reléguée au second plan de l'actualité internationale, la crise syrienne revient sur scène à la faveur d'une rencontre, prévue la semaine prochaine, à La Haye, aux Pays-Bas, entre représentants russes et américains. A l'ordre jour : la seconde conférence de paix internationale sur la Syrie qui devrait, selon Moscou, se tenir à Genève après le mois d'octobre. Devant le statu quo politique et militaire qui prévaut dans ce pays livré, depuis plus de deux ans, à une guerre sans merci entre l'armée syrienne d'un côté, les rebelles de l'opposition et le Front Al Nosra (al- Qaïda) de l'autre, Moscou et Washington s'efforcent de mettre les bouchées doubles dans l'espoir de trouver une issue politique permettant de réunir autour de la même table le gouvernement syrien et l'opposition. Selon le département d'Etat, cette rencontre fait suite à l'accord passé lors du sommet « 2+2 », le 9 août à Washington entre les ministres américains et russes des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, et ceux de la Défense, Chuck Hagel et Sergueï Choïgou. L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, participera à cette rencontre à laquelle prendront part, côté américain, la sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques, Wendy Sherman, et l'ambassadeur pour la Syrie Robert Ford. Du côté russe, aucune information n'a été donnée dans ce sens. Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réclamé une nouvelle fois un « accès totalement libre » et de « manière simultanée » aux sites suspects dont celui de Khan Al Assal, près d'Alep (là où le régime affirme que les rebelles ont fait usage d'armes chimiques le 19 mars, tuant au moins 26 personnes dont 16 soldats syriens) pour l'enquête onusienne sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Une dizaine d'experts, sous la conduite du Suédois Aake Sellström, ont déjà commencé leur travail depuis lundi. Selon Ban Ki-moon, les enquêteurs de l'ONU devront aussi être autorisés à « mener des entretiens avec des témoins, des victimes et le personnel médical et procéder à des autopsies ». Le chef de l'ONU a assuré que le mandat des experts n'a pas pour but « déterminer qui a utilisé » ces redoutables armes, mais seulement « si elles ont été utilisées » dans le conflit. Car pour lui, le « mécanisme d'enquête efficace sur les armes chimiques aidera à en dissuader l'utilisation dans l'avenir ». L'alibi des armes de destruction massive, brandi en Irak, demeurées introuvables après une décennie d'occupation militaire américaine, refait-il surface ?