Deux jours après l'arrivée des inspecteurs de l'ONU en Syrie pour enquêter sur la question controversée des armes chimiques, la région de la Ghouta orientale et occidentale, dans la banlieue de la capitale Damas, a connu, hier, une intensification des opérations militaires. Les deux parties se rejettent la responsabilité du carnage et l'instrumentalisation par les chaînes satellitaires de la crise syrienne aux fins de déstabilisation. Des vidéos présentées comme illustrant « un massacre épouvantable commis par les forces du régime à l'aide de gaz toxiques » ont été diffusées sur YouTube par la Commission générale de la révolution syrienne, un mécanisme de l'opposition qui a avancé le chiffre de plus de 1.300 morts. La véracité des faits n'est pas pour autant attestée. Car l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres, n'a pas voulu se prononcer sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques par le régime. Mais il a affirmé que le nombre de morts pourrait être révisé à la hausse. Son président, Rami Abdel Rahmane, a déclaré que par cette attaque, « les forces loyalistes cherchent à reprendre Madhamiyah el-Cham », au sud-ouest de la capitale. Partant, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a appelé les enquêteurs de l'ONU à se rendre « immédiatement » sur le lieu du « massacre ». Une exigence reprise à l'unisson par la France de Hollande, le ministre des Affaires étrangères suédois, Carl Bildt, appelant Damas à accorder « d'urgence » un accès à des enquêteurs des Nations unies sur les lieux du carnage, le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, répondant favorablement à la demande du chef de l'opposition syrienne et de Riyad de tenir une réunion urgente du Conseil de sécurité. Ces accusations ont été fermement rejetées par l'armée syrienne qui les a qualifiées de « nulles, non avenues et totalement infondées ». Dans un communiqué, elle considère que « ces allégations colportées par les groupes terroristes et les chaînes satellitaires les soutenant ne sont qu'une tentative désespérée de cacher leurs échecs sur le terrain et reflètent l'état d'hystérie et d'effondrement dans lequel se trouvent ces groupes ». Face à la déroute des groupes armés, marquée par l'emprise incontestable du Front En Nosra, inscrit dans la liste noire des organisations terroristes, et la guerre communautaire que se livrent Kurdes et islamistes au Nord, l'alibi des armes chimiques incriminant Damas, avant même l'entame de l'enquête onusienne, replonge toute la région dans l'enfer du scénario à l'irakienne de triste mémoire. Une intervention militaire occidentale est-elle en préparation ?