La sanglante offensive de l'armée contre la ville rebelle de Hama semble constituer le tournant dans la crise syrienne. Dimanche, les autorités syriennes ont lancé un assaut meurtrier contre la ville de Hama (centre). Tuant une centaine de personnes et déclenchant un flot de condamnations internationales. C'est la seconde fois dans son histoire que cette ville subit de telles violences. Hama a été le théâtre en 1982 d'une grave répression visant les Frères musulmans qui a fait, selon des estimations concordantes, 20.000 morts. Selon Rami Abdel Rahmane, la répétition d'un tel massacre ne serait plus possible à l'époque des réseaux sociaux et des Organisations non gouvernementales (ONG) à l'instar de l'OSDH, fondé, il y a cinq ans. Au total, 139 personnes ont trouvé la mort dimanche à travers la Syrie, touchées par des tirs des forces de sécurité, deux nouveaux morts ayant été recensés près de Hama et un troisième près de Damas, à Kessoua. A Mouadhamiya, près de Damas, plus de 350 personnes ont été interpellées au cours du week-end. Depuis le début de la contestation, le 15 mars contre le régime de Bachar Al Assad, la répression a fait quelque 2000 morts, dont plus de 1600 civils, selon des organisations de défense des droits de l'homme. Fier des massacres qu'il inflige à son peuple, ou cherchant simplement a nargué les puissances qui n'attendent que l'occasion d'intervenir en Syrie pour «sauver» un peuple réprimé, le président Bachar Al Assad a félicité hier l'armée syrienne, au lendemain de la mort de 139 personnes dans une offensive militaire massive qui a suscité de vives condamnations internationales et des demandes d'une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. «Je salue chaque (soldat) et le félicite à l'occasion du 66e anniversaire de la création de l'armée arabe syrienne (...) qui défend ses droits face aux plans agressifs qui nous visent», a affirmé M. Assad lors d'une allocution, selon l'agence Sana. «Vous tous représentez l'orgueil et la fierté» de la patrie, a-t-il lancé faisant fi des réactions internationales horrifiées après une des journées les plus sanglantes depuis le début du mouvement de protestation le 15 mars. Depuis le début de la révolte, les autorités accusent des «groupes armés» et des «terroristes» de répandre le chaos dans le pays, en s'infiltrant parmi les manifestants et en usant de la violence. La télévision publique syrienne, citant le ministère de l'Intérieur a, de son côté, affirmé que «huit policiers ont été tués lors d'affrontements dimanche à Hama avec des groupes terroristes armés» qui ont «ouvert le feu sans discrimination dans la ville pour terrifier les habitants.» Malgré le refus catégorique du peuple syrien, hostile à toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures de son pays, réaffirmé à chaque fois que l'occasion se présente, de peur de revoir le schéma libyen se reproduire en Syrie, les tentatives d'internationaliser la crise syrienne ne manquent pas. Ces condamnations anticipées à toute ingérence étrangère dans leurs affaires n'a pu contenir la tendance «chevaleresque» de certaines puissances, qui n'admettrait jamais qu'un tel massacre à huis clos ait lieu. Le président américain Barack Obama s'est d'ailleurs dit «horrifié» par les événements en cours et a assuré que Washington allait chercher à isoler un peu plus Damas. L'Italie et l'Allemagne ont réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, tandis que le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a demandé «davantage de pression internationale» sur la Syrie. M. Hague a néanmoins rejeté la possibilité d'une action militaire sous l'égide des Nations unies. Les «conditions ne sont pas réunies» pour une intervention, a confirmé le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen. Le porte-parole de la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, qui avait qualifié dimanche l'offensive de massacre, a annoncé que l'UE allait renforcer ses sanctions contre Damas. L'offensive syrienne a été également vigoureusement condamnée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a rappelé au régime de Damas qu'il est responsable de «tous les actes de violences commis» contre la population. La Russie a appelé pour sa part le gouvernement syrien et l'opposition «à renoncer aux provocations et à la répression». «Le recours à la force, tant contre des civils que contre des représentants des structures étatiques, est inacceptable et doit cesser», a affirmé la diplomatie russe, dans son message le plus ferme adressé au régime syrien.