La journée d'hier samedi a été décrétée jour de deuil national. Un arrêt de travail d'une heure, décrété par le chef du gouvernement, Najib Mikati, devait également être observé dans les administrations à travers le pays de 11h00 à 12h00. Durement frappé par le double attentat ayant fait au moins 50 morts et près de 900 blessés, Tripoli peine à retrouver son équilibre : des rues désertes, des magasins fermés et une circulation automobile au ralenti. Pour tenter de conjurer les vieux démons, l'armée se mobilise et décrète des mesures de sécurité draconiennes. Des blindés circulaient dans les rues de la ville. Des soldats multipliaient les patrouilles. Et, des hommes armés ont été placés devant les mosquées. Face à ce que Mikati a qualifié de « grande catastrophe humanitaire », un appel à la retenue et à la patience a été lancé aux habitants de la capitale Beyrouth et ceux du nord du Liban. Le regain de violence est redouté dans ces régions, particulièrement entre sunnites sympathisant en majorité avec la rébellion syrienne et chiites soutenant le régime Bachar al-Assad. L'attaque de Tripoli est d'ailleurs survenue une semaine après celle qui a fait 27 morts dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah chiite. La contagion syrienne menace de rompre le fragile édifice libanais. Si pour l'opposition, le régime de Bachar al-Assad est le coupable tout désigné, le Hezbollah, lui, accuse les « terroristes takfiri » d'être derrière ces attaques. De son côté, Damas a condamné le double attentat de Tripoli qui a soulevé la réprobation sans équivoque et unanime de la communauté internationale. Washington a ainsi réaffirmé son « engagement fort pour un Liban stable, souverain et indépendant ». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a, quant à lui, réaffirmé « la détermination de la communauté internationale à soutenir la sécurité et la stabilité du Liban ». Le Conseil de sécurité a invité les Libanais à « préserver l'unité nationale face aux tentatives de déstabilisation du pays ». Le syndrome de la « guerre confessionnelle » plane sur le Liban et impose à l'armée, « en guerre totale contre le terrorisme », une détermination sans faille et une grande vigilance.