Lors d'une conférence de presse animée, hier, à Alger, le président de l'Apoc, Mustapha Zebdi, a déploré la politique appliquée, indiquant que celle-ci n'est dans l'intérêt ni de l'agriculteur et encore moins du consommateur. Raison pour laquelle l'association a décidé de saisir le Premier ministère. Il estime nécessaire de revoir cette politique et, surtout, de recadrer les subventions de telle manière à faire bénéficier directement l'agriculteur. Les intermédiaires sont, selon lui, à l'origine des spéculations constatées ces derniers temps sur le marché du détail. Prenant l'exemple du cheptel, il a fait observer que le prix du mouton de l'Aïd El Adha sera encore plus cher par rapport à l'année dernière. « Selon nos estimations, une hausse de 5.000 DA est attendue sur le prix du mouton », a-t-il affirmé. Selon lui, cette désorganisation a atteint également l'aviculture. Ce que confirme Mourad Dif, éleveur et volailler. D'ailleurs, il a affirmé que les éleveurs ont perdu durant les cinq derniers mois, 2.000 milliards de centimes suite à la baisse des prix sur le marché. « Durant cette période, nous avons vendu à perte. Le kilogramme de poulet a été cédé en moyenne à 110 DA par les aviculteurs. Du coup, les petits éleveurs ont été les grands perdants et la plupart ont abandonné l'activité alors que les grands éleveurs ont décidé de limiter les risques en diminuant la production », a-t-il expliqué, ajoutant que cet état de fait se répercutera sur le prix du poulet qui dépassera, selon ses prévisions, les 400 DA le kilogramme dans les jours à venir. Sur ce volet, il fera savoir que 80% de la corporation est constituée de petits éleveurs et ne bénéficie pas des avantages accordés par l'Etat, comme l'exonération des taxes sur les aliments, reconduite pour une deuxième année. « Nous n'avons pas besoin des subventions de l'Etat mais de la stabilité des prix. L'éleveur doit avoir sa marge bénéficiaire pour pouvoir pérenniser son activité », a-t-il avancé. De son côté, Akli Moussouni, expert dans le domaine agricole, et ex-président du Comité interprofessionnel d'oléiculture, a été très critique. Une politique qui a montré, selon lui, « ses limites » du fait qu'elle est à « l'origine des fluctuations des prix ». « Les prix des produits agricoles échappent à tout contrôle, et ce, pour trois raisons : manque de production, dépendance de l'importation des intrants et dispersion des financements de l'Etat », a-t-il expliqué. Il soutiendra également qu'il y a une « méconnaissance des besoins nationaux en termes de produits agricoles et de superficies nécessaires à cultiver ». Citant quelques filières, il a souligné que la tomate industrielle a pâti du système bancaire. « Ce dernier est à l'origine de la destruction de l'activité de transformation », a-t-il affirmé. La filière des légumes secs a, selon le même expert, quasiment disparu. Quant à celle des céréales, elle « manque de conduite culturale ». Même situation vécue par la filière de la pomme de terre mais avec, cette fois-ci, un excédent de production très mal géré, à tel point que la production ne trouve pas preneur. Comme solution, M. Moussouni prône « la révision de la politique agricole ». M. Kacimi, membre de l'Onilev (Office national interprofessionnel des légumes et des viandes) n'est pas de cet avis. Selon lui, la politique agricole a porté ses fruits.