Récemment, le département de Baba Ahmed a adressé une circulaire à l'ensemble des directions de l'éducation, les enjoignant de reprendre le maximum d'élèves exclus des CEM. Le but de la mesure : endiguer la déperdition scolaire. Selon une étude d'experts algériens, en collaboration avec l'Unicef, le taux d'élèves qui redoublent en première année primaire est de 30%, alors que celui des exclus de la 4e année moyenne dépasse les 38%. Autant dire que le ministère se retrouve sur le fil du rasoir. Mais la décision de battre le rappel des écartés du système éducatif n'est pas partagée par tous les syndicats dont certains se disent être pour une politique pédagogique et non une politique « populiste » qui ne fera, selon eux, qu'aggraver la situation des élèves. Pour le porte-parole du Snapest, Meziane Meriane, il faut avant tout établir une feuille de route et la respecter. « Il ne faut pas forcer quelqu'un qui n'a pas l'envie et surtout les capacité d'aller plus loin dans les études », estime-t-il. Pour le syndicaliste, le fait de le maintenir à l'école est un échec programmé. « Car non seulement il ne suivra pas ses études mais le comble, il empêchera ses camarades de travailler. Il vaut mieux donner la chance aux élèves qui ont l'envie et les capacités d'aller loin dans leurs études », dira le premier responsable du Snapest. Sa solution ?« Nous avons de tout temps suggéré de mettre une passerelle entre le ministère de l'Education et le secteur de la formation professionnelle ». Pour le syndicaliste, l'Algérie a besoin de tous les métiers et la formation professionnelle est un moyen de sauver ces jeunes en leur donnant la chance de participer au développement du pays. Au Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique), on n'en pense pas moins. Son président, Nouar Larbi, estime que la loi qui donne le droit à l'élève de suivre sa scolarité jusqu'à l'âge de 16 ans est controversée du fait que l'élève en situation d'échec trouve ainsi un moyen de narguer les pédagogues. « Malgré tous les problèmes que provoquent ces élèves, il y a des établissements qui comptent en leur sein des élèves âgés entre 17 et 18 ans. C'est insensé », souligne-t-il, en affirmant que cette politique ne profite qu'aux parents qui bénéficient ainsi des allocations familiales, de la sécurité sociale, de la prime de scolarité et autres avantages. Nouar Larbi évoque également le mauvais comportement des ces élèves en classe. Selon lui, les enseignants ont du mal à gérer une classe qui compte des élèves ayant doublé deux à trois fois l'année. « C'est l'âge de l'adolescence alors imaginez le comportement d'un élève redoublant et fort de tête en même temps. C'est ingérable », dira-t-il. Ce dernier, en tant que pédagogue, suggère qu'il faut motiver les élèves ayant subi un échec scolaire pour intégrer la formation professionnelle avec une bourse conséquente. « Il faut inciter un jeune de 16 à 18 ans avec une bourse conséquente. Certains bacheliers ont du mal à s'inscrire à l'université car les notes acquises au bac ne leur permettent pas de suivre la filière de leur choix alors ils se retrouvent dans l'obligation de repasser le bac ou d'abandonner les études. Offrir une bourse conséquente aux élèves est le seul moyen de les inciter à opter pour la formation professionnelle », précisera-t-il. Mais du côté des parents d'élèves, on se félicite de la circulaire du ministère. Kheda Ahmed, président de l'Union nationale des parents d'élèves, affirme même que cette circulaire est un moyen de freiner la déperdition scolaire et la délinquance. Toutefois, il dira que cette recommandation s'applique aux élèves ayant eu 7 de moyenne et ne dépasse pas les 16 ans. « Nous avons demandé au ministère que l'application de cette circulaire dans les établissements scolaire soit rigoureusement suivie. Nous savons que certains responsables et enseignants y sont réticents du fait qu'ils veulent se retrouver avec des classes moins surchargées, mais, il faut donner la chance à ces élèves pour poursuivre leur cursus scolaire et leur éviter ainsi de se retrouver à la rue », soutiendra-t-il.