Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a conduit au Caire la délégation algérienne aux travaux de la 140e session du conseil de la Ligue arabe au niveau des ministres et dont l'ordre du jour sera principalement axé sur l'examen de la situation en Syrie. Les participants doivent débattre de la question syrienne dans « toutes ses dimensions et ses retombées », dans la foulée des évènements en Syrie, après l'attaque chimique qui a fait des centaines de morts, le 21 août dans la Ghouta, près de Damas, a indiqué Noucif Hatti, le porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi. Les pays occidentaux ainsi que l'opposition syrienne ont fait porter au régime syrien l'entière responsabilité, mais ces accusations sont catégoriquement rejetées par les autorités syriennes qui imputent cette attaque aux rebelles. Les avis divergent sur l'utilité d'une action militaire contre la Syrie. Les Etats-Unis et la France, qui estiment que les armes chimiques sont une ligne rouge à ne pas franchir, ont évoqué une éventuelle frappe contre la Syrie, alors que la Russie réclame des preuves concrètes et plausibles sur la responsabilité de Damas. Les experts de l'ONU, chargés d'enquêter sur l'attaque chimique, attendent le résultat d'analyses en laboratoire actuellement en cours, qui ne seront connus que dans trois semaines, selon l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques). Le président américain, Barack Obama, tout comme son homologue français François Hollande, semblent déterminés à agir contre le régime syrien accusé d'avoir utilisé l'arme chimique contre son peuple. Obama a annoncé, samedi soir, qu'il avait pris la décision de principe d'une frappe limitée contre le régime syrien mais a demandé au Congrès de donner son feu vert à une telle opération, éloignant à court terme la perspective d'une intervention américaine pour mettre un terme à l'usage d'armes chimiques contre les civils. Plusieurs pays, notamment arabes, dont l'Algérie, l'Egypte, l'Irak, le Liban ou la Tunisie, se sont dits, par contre, opposés à une intervention militaire étrangère, privilégiant une solution politique à la crise syrienne et assurant que toute action militaire doit obtenir l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies. Le feu vert du Conseil de sécurité indispensable A cet égard, l'envoyé spécial de la Ligue arabe et de l'ONU, Lakhdar Brahimi, a récemment relevé qu'il fallait le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU pour intervenir militairement en Syrie, soulignant la nécessité de poursuivre les efforts en vue de la tenue d'une conférence de paix, appelée Genève 2. Dans cette optique, l'Algérie appelle la communauté internationale « à encourager et soutenir » les parties syriennes à engager un processus politique de sortie de crise pour rétablir la paix en Syrie. Pour le ministère des Affaires étrangères, « l'Algérie n'a eu de cesse de rappeler que le dialogue politique inclusif est une démarche incontournable en vue du règlement consensuel de la crise en Syrie ». « L'Algérie a exprimé, comme elle l'avait fait par le passé, son refus de toute intervention armée dans un pays souverain en dehors des normes du droit international ». Samedi, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, a demandé aux Etats-Unis de fournir la preuve que le gouvernement syrien avait utilisé des armes chimiques, qualifiant de telles accusations d'« absurdité totale ». Pour Téhéran, l'opposition syrienne armée a utilisé des armes chimiques pour provoquer une action militaire occidentale contre la Syrie. La chancelière allemande Angela Merkel, a exclu la participation allemande à une intervention militaire sans mandat international. La Russie et la Chine, qui font partie avec les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont bloqué à plusieurs reprises des projets de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, condamnant le gouvernement de Bachar al-Assad. Ils sont tous deux opposés à une intervention militaire en Syrie. Le Parlement britannique a également désapprouvé jeudi la motion proposée par le Premier ministre David Cameron qui défendait le principe d'une intervention militaire en Syrie. Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a, lui, affirmé que l'Otan n'avait « aucun rôle dans une réaction internationale contre le régime syrien », relevant les pays de l'Otan soutiennent l'enquête de l'ONU sur l'attaque chimique contre des civils. Par ailleurs, la haute autorité religieuse du Caire, Al Azhar, a condamné, hier dimanche, « la décision du président américain de lancer des frappes militaires sur la Syrie », y voyant « une agression contre la nation arabe et islamique (...) qui met en danger la paix et la sécurité internationales ». Des analystes relèvent, en outre, que la réticence de certains pays occidentaux à frapper la Syrie s'explique par la peur des conséquences qui risquent d'être « incontrôlables » d'une telle démarche, notamment à l'échelle régionale, car « le régime syrien depuis le début de la rébellion a montré une certaine capacité à résister ». Certains pays voisins ont mis en garde contre une éventuelle frappe de la Syrie, comme le Liban qui a indiqué par la voix d'un député, Akram Chehayeb, craindre que son territoire ne soit considérablement affecté. Ces derniers jours, les Etats-Unis avaient renforcé leurs capacités près des côtes syriennes, avec cinq destroyers équipés de missiles de croisière capables de mener des attaques ciblées contre des infrastructures stratégiques du régime.