De nombreuses grandes librairies papeteries du centre d'Alger ont disparu ces dernières années. Les plus grands axes à l'instar des rues Larbi-Ben-M'hidi et Didouche-Mourad ainsi que la place Maurice-Audin ne disposent plus de librairies. Où sont passées les librairies d'antan ? Que sont-elles devenues ? Où trouve-t-on les fournitures scolaires désormais ? Autant de questions sont posées par les citadins et pire encore quand on sait que la majorité de ces établissements au service de la culture ont été totalement métamorphosés. Ils ont laissé place à des commerces plus rentables comme la restauration rapide et la quincaillerie. C'est le cas de l'ancienne librairie « 54 » d'Alger-Centre. Très réputée dans les années 90, cette structure a été transformée en boutique de prêt-à-porter pour femmes. Celle qui se trouvait à la rue des Frères Kheladi ex-rue Mac Mahon, a laissé place aux matériels informatiques. À la rue Didouche, près du célèbre glacier Fleur du jour, la librairie papeterie qui existait jusqu'à il y a trois ans, a été transformée en espace de vente de produits phytosanitaires. Même la librairie des Beaux-arts sise 28 rue Didouche-Mourad, Alger, est menacée de disparaître. Une décision d'expulsion a été prononcée par la justice à l'encontre du gérant actuel. Son exécution est imminente et nul ne sait ce qu'il adviendra de ce lieu mythique. Sera-t-il un lieu de restauration rapide, ou un magasin de chaussures et maroquinerie de marques ou enfin se transformera-t-il en boutique franchisée de vêtements ? Créée au début des années 1950, la librairie des Beaux-arts représentait l'intellectuel algérien et symbolisait l'art et la culture en Algérie. De grands écrivains comme Albert Camus, Emmanuel Roblès et Mouloud Mammeri ont fréquenté cette librairie qui constituait jusqu'à 2009 l'un des rares points de rencontre des étudiants, des écrivains et des intellectuels algériens. Selon un ancien libraire à la rue Bab Azzoun, Alger a perdu ses repères. « Il n'y a plus de relève et les gens ne sont plus intéressées par ce genre de structures étant donné qu'ils ne les réclament plus et préfèrent plutôt se rabattre sur les produits proposés dans les marchés parallèles », dira-t-il sur un ton navré. « La majeure partie des librairies qui existent actuellement vendent des livres parascolaires, de cuisine ou des romans », a-t-il précisé. Son confrère de la papeterie « El Youssoufia » à proximité du marché Nelson de Bab El Oued a tenu le même langage. « Le métier de libraire et particulièrement la papeterie en Algérie n'est plus rentable raison pour laquelle les propriétaires ont changé de vocation pour essayer de survivre », a-t-il ajouté. Notre interlocuteur a précisé qu'Alger compterait actuellement une trentaine de librairies mais qui ne feront pas long feu, selon lui. « Le métier de libraire, l'un des derniers maillons de la chaîne du livre, est en danger », a-t-il regretté. En l'absence de structures et de points de vente spécialisés, les clients ne savent plus à quel saint se vouer. En effet, mis à part le marché informel qui bat son plein, les kiosques et les boutiques de tabacs journaux accrochent des annonces sur lesquelles ils écrivent à l'occasion de chaque rentrée scolaire « Ici vente d'articles scolaires ». Chez eux, les écoliers peuvent faire leurs emplettes.