Le rôle de la société civile dans la promotion de l'emploi et l'intégration socioprofessionnelle des jeunes a été le thème débattu, hier, à l'occasion de la tenue de la 13e rencontre de l'AICESIS (Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires), organisé par le Cnes (Conseil national économique et social) au Palais des nations, à Alger. Une rencontre ayant pour but d'aborder les facteurs à l'origine de cette situation en vue d'y apporter des solutions pratiques. « Il faut arriver à construire un consensus profond entre les organisations et la société civile structurée au sein des Cnes autour de ce problème en vue d'atteindre la stabilité », a suggéré Mohamed-Seghir Babès, président du Cnes, lors de son allocution. Il a également abordé la conjoncture actuelle « extrêmement délicate » marquée « par des conflits et des frictions qui font bouger le monde ». « Ça passe ou ça casse, mais il faut faire en sorte que ça passe sans casse », a-t-il précisé. Cette rencontre vise, à travers les débats et l'échange d'expériences, « à nourrir la coopération en vue d'instaurer de bonnes pratiques », a précisé M. Babès. Bouras Djoudi, expert au Cnes, a fait la lecture du rapport élaboré par l'AICESIS, présidée par l'Algérie depuis 2010. Selon lui, une réflexion mondiale a été menée par la communauté internationale qui plaide pour une coordination entre les différents intervenants pou une prise en charge réelle et effective, sous l'angle de l'insertion sociale des jeunes. Car « l'impact de cette crise, dira M. Bouras, va au-delà du déclassement et de l'effacement du citoyen chômeur, en installant un comportement de désintérêt au travail ». « La société doit réagir », a-t-il prévenu d'autant que, selon lui, ce problème ne concerne pas uniquement les Etats. Selon le rapport de l'AICESIS, les efforts doivent être consentis sur les quatre éléments composant cette problématique. Il s'agit notamment de l'égalité de l'accès à l'emploi, « où une discrimination s'installe et fait que les jeunes dans une société vulnérable sont les premières victimes de la flexibilité », de l'adéquation entre la formation et l'emploi et du travail d'intermédiaire de la société civile, qui « doit aussi assurer le suivi du fonctionnement du marché de l'emploi et avoir un droit de regard sur les politiques d'emploi ». Le quatrième élément concerne la rénovation des politiques publiques à travers un processus de requalification des dispositifs d'emploi et la recherche de nouvelles pistes pour la création de postes d'emploi. Pour sa part, Gilbert Gambo, directeur adjoint de l'OIT (Organisation internationale du travail), a affirmé que 73 millions de chômeurs ont été recensés en 2013 dans le monde alors que six millions de jeunes ont abandonné l'idée de chercher un emploi. En outre, « beaucoup de jeunes travailleurs ont un emploi précaire, sont dans des circuits informels et travaillent durant de longues heures sans couverture sociale », a-t-il précisé. Selon lui, 120 millions de jeunes travaillent avec une rémunération de moins de 2 dollars par jour et un jeune sur deux est pauvre ou chômeur. « Le constat est intolérable », estime-t-il. « Il est grand temps d'agir en appliquant la résolution de 2012 de l'OIT selon laquelle il n'y a pas de solution toute faite qui peut être appliquée pour chaque pays, mais il y a des enseignements à tirer de chaque expérience pour aboutir à des solutions innovantes », relève-t-il. Selon lui, « le développement de l'entreprenariat et le travail indépendant restent les meilleures résolutions pour résoudre le problème du chômage ».