« Beignets, sodas, thé... » Si vous avez eu la chance d'étendre votre serviette sur la plage cet été, ce refrain a sûrement rythmé vos journées. Il s'agit, vous l'avez deviné, des vendeurs ambulants. Pour eux aussi la saison estivale tire à sa fin. Et c'est le temps de faire le bilan. Et quel bilan ! Ces vendeurs s'en tirent haut la main, à raison de bénéfices qui dépassent les 170.000 dinars, d'où le nombre de plus en plus croissant de ces jeunots en quête de « fortune estivale ». Sid Ali, vendeur de beignets sur la très select plage du Club des Pins depuis 14 ans, anime la grande étendue de sable avec quelques refrains déclamés à la manière d'un ténor. Après quatre saisons passées à bosser pour un « patron », il travaille désormais à son compte en employant, s'il vous plaît, cinq jeunes. Le hic, il ne travaille que quatre mois. Le reste de l'année, il chôme. « C'est une activité fatigante mais très agréable surtout dans les contacts avec les gens. L'atmosphère de vacances détend les clients et on finit par les connaître et sympathiser. J'ai vu grandir beaucoup d'enfants de vacanciers qui reviennent à la même place. On a pu aussi alerter des parents devant des situations dangereuses, on devient des amis. Par contre on a affaire à d'autres vendeurs qui nous font une concurrence déloyale. Le soir en rentrant on donne les invendus à des enfants du quartier », déclare Sid Ali la main sur le cœur. Pour Mourad, un gamin de 12 ans, « les vacances ne sont pas faites pour les enfants de pauvres ». Mourad sillonne la plage de Zéralda pour proposer sodas, beignets et thé à la menthe aux vacanciers dans l'espoir de s'assurer une bonne recette. « Cela me permettra d'aider ma famille et garder un peu pour acheter des vêtements et des articles scolaires », dit-il sans pathos. Ces jeunes gagnent entre 1.000 à 1.500 dinars par jour. Saïd ne cache pas sa satisfaction : « Je préfère ce job qu'un travail dans un bureau. Il y a une bonne ambiance et je chante sur la plage pour mon plaisir et celui, je l'espère, des clients ». Pour ces vendeurs, l'heure du goûter, vers 15h30, est la plus bénie. « Les demandes en beignets et en thé augmentent sensiblement », indique Saïd. Mais ne croyez pas qu'être vendeur est une sinécure. Il faut avoir une âme de sportif pour sillonner sans cesse les étendues de sable sous un soleil de plomb. Pendant plusieurs heures, il faut arpenter des kilomètres tout en donnant de la voix pour bien se faire repérer des estivants et le tout lesté de quelques kilos de matériel. Dans ce contexte, les journées de travail durent plus de 10 heures. Il faut donc être extrêmement efficace et profiter du temps imparti pour vendre un maximum de marchandise. Surtout que la plupart du temps, la rémunération de l'employeur est calculée selon les ventes.