Ambiance Chaque été, les plages connaissent une activité mercantile accrue à laquelle s'adonnent des personnes venues proposer des produits alimentaires ou des accessoires aux estivants. C'est devenu une tradition de voir des jeunes et des moins jeunes, munis de plateaux ou de caisses portés à bras-le-corps, défiler à longueur de journée le long des plages bondées afin de céder aux estivants des beignets, des sandwichs, des m?hadjebs, toute sorte de friandises, du thé à la menthe, des boissons fraîches, des cigarettes et même des bouées et des articles de plage. Une tournée sur les plages de la commune de Zéralda (ouest d'Alger), à l'image de celles du Colonel Abbas et de Mekhloufi I et II, donne une idée du nombre important de ces commerçants d'une saison passant d'un groupe d'estivants à un autre. Différemment appréciés, les produits proposés ne trouvent cependant pas toujours preneur, hormis les boissons fraîches dûment emballées telles que les limonades et les eaux minérales. Il reste que les cacahuètes, le pop-corn et les beignets sont plus faciles à écouler auprès des enfants qui en sont particulièrement friands. Rencontré sur les lieux, le doyen des vendeurs des plages de Zéralda, Mohamed Melouk, 69 ans, vend des beignets depuis l'été 1973. «J'ai appris à préparer et à vendre des beignets sur la plage en fréquentant un nommé Rachid de Blida qui m'a initié à ce métier. Depuis, je n?ai jamais arrêté», a-t-il ajouté. Toutefois, celui que les habitués des lieux appellent Ammi Mohamed n'est pas le seul vendeur de beignets à Zéralda-plage. De nombreux autres vendeurs itinérants, dont des enfants âgés entre 10 et 17 ans, sillonnent, eux aussi, les mêmes plages. Scolarisés pour la majorité, ces jeunots saisissent l'occasion des grandes vacances pour se faire un peu d'argent en prévision de la rentrée scolaire ou tout simplement pour aider financièrement leurs parents. A 15 DA le beignet, ces vendeurs ambulants disent réaliser de bonnes affaires, avec un bénéfice moyen de 1 000 DA par jour. Ceci n'est pas toujours le cas pour les vendeurs de casse-croûte qui se plaignent de la mévente de leurs produits. Meziane, un lycéen de 18 ans, explique cette difficulté à écouler aisément sa marchandise par l'appréhension de beaucoup d'estivants à l'égard de la qualité du produit. «Les clients craignent que mes sandwichs ne soient pas frais», déplore-t-il. Interrogés, certains clients se sont plaints, quant à eux, des «prix élevés» de ces produits. Un sandwich-frites est vendu jusqu'à 100 DA et la bouteille d'eau minérale d'un litre et demi est proposée à 60 DA alors que son prix dans un magasin d'alimentation ne dépasse pas les 30 DA, a-t-on constaté. De son côté, Smaïl, 12 ans, vendeur de beignets, explique que, étant issu d'une famille nombreuse, il s'adonne à cette activité par nécessité. Et d?ajouter : «Tous mes amis de quartier travaillent comme moi durant l'été. Ils vendent des produits faits maison (pain traditionnel, galettes, gâteaux...) ou des cigarettes sur la plage pour aider leur famille.» Quant à ce collégien au regard espiègle qui rêve d?être, un jour, médecin, il nous confie : «Avant que ma mère n'apprenne à faire des beignets, je vendais du pain traditionnel sur les plages et aux abords de l'autoroute.»