L'Egypte a connu, hier, de nouvelles manifestations pour réclamer « le retour à la légitimité », pendant que les autorités de transition ont annoncé la prolongation de deux mois de l'état d'urgence décrété le 14 août, le jour même où l'armée avait lancé l'assaut contre deux rassemblements des partisans du président déchu. Mais la confrérie des Frères musulmans, qui peine à organiser de grandes manifestations, ne veut pas désespérer de la perte d'influence et de la capacité de mobilisation avérée. Hier, elle a proclamé le « vendredi de la fidélité aux martyrs » pour tenter de perpétuer la défiance d'un mouvement décapité. Un groupe de jeunes, baptisé « les Ultras de liberté », veut, quant à lui, défiler le soir, après la prière d'El Icha. Face à l'épreuve de la rue, les autorités égyptiennes sont également confrontées à la menace terroriste au Sinaï qui fait l'objet, depuis quelques semaines, d'une offensive militaire majeure. Des attentats sanglants visant l'armée et les forces de sécurité se sont ainsi multipliés, notamment depuis la destitution de Morsi. L'enjeu sécuritaire a ainsi imposé des mesures draconiennes pour garantir le retour à la stabilité dans un pays soumis aux rigueurs du couvre-feu décrété le 14 août et réduit à deux reprises pour finalement être fixé de 21h00 GMT à 6h00 GMT. « Le président Adly Mansour a décidé de prolonger l'état d'urgence de deux mois, à la lumière des événements et de la situation de la sécurité dans le pays », a annoncé, jeudi soir, Ehab Bedawy, le porte-parole du chef de l'Etat par intérim. Le gouvernement a, par ailleurs, voté, jeudi dernier, une loi autorisant la détention pour des périodes renouvelables de 45 jours (contre 15 jours précédemment) lorsqu'il s'agit de cas susceptibles de déboucher sur des condamnations à mort ou des peines de prison à vie, a indiqué le cabinet dans un communiqué. Cette décision a été prise à l'encontre des dirigeants des Frères musulmans emprisonnés dont la quasi-totalité, parmi lesquels Morsi, est accusée de meurtres ou d'incitation aux meurtres. Mais le tour de vis du Caire a suscité les inquiétudes des Etats-Unis appelant à la levée de l'état d'urgence revendiquée par le Parlement européen exhortant, par ailleurs, les autorités intérimaires à libérer tous les prisonniers politiques, y compris l'ex-président Morsi, « afin de créer les conditions nécessaires à un processus politique inclusif ».