L'intervention des forces de sécurité égyptiennes au Caire et les affrontements avec des partisans du président destitué Mohamed Morsi ont fait au moins 124 morts, hier, dans toute l'Egypte, a annoncé le ministère de la Santé. Selon les autorités, il y aurait également 874 blessés. Les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, évoquent de leur côté plus de 250 morts, mais il n'est pas possible de confirmer l'ampleur de ce bilan de sources indépendantes. L'état d'urgence a été instauré pour au moins un mois. La police, soutenue par l'armée, a donné l'assaut en début de matinée sur les deux places que les pro-Morsi occupent depuis plus d'un mois avec femmes et enfants. Le ministère de l'Intérieur a annoncé moins de deux heures après l'assaut que la place Nahda, la plus petite des deux, était totalement sous contrôle de la police, assurant que deux membres des forces de l'ordre ont été tués quand la police a essuyé des tirs des manifestants. Sur la grande place Rabaa al-Adawiya, les manifestants ont dépêché des centaines d'hommes sur les barricades de sacs de sable qui barrent l'accès principal, tandis qu'à l'arrière, près de la mosquée Rabaa al-Adawiya devenue le QG des leaders des Frères musulmans et de l'Alliance contre le coup d'Etat, les grenades lacrymogènes pleuvaient sans discontinuer.
Incendie de trois églises dans le centre de l'Egypte Les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi ont incendié hier trois églises coptes dans le centre de l'Egypte, après l'opération meurtrière contre les places qu'ils occupaient au Caire, ont rapporté des responsables de la sécurité et l'agence officielle Mena. Selon ces responsables, deux églises ont été attaquées et en partie incendiées par des pro-Morsi dans la province d'el-Menia. Le Youth Maspero Union, un mouvement de la jeunesse copte, a rapporté les mêmes faits, accusant les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, de mener une guerre de représailles contre les Coptes. Dans cette région, où vit une importante communauté chrétienne, des heurts opposaient les forces de l'ordre à des partisans de l'ex-chef d'Etat islamiste, qui ont coupé des routes y incendiant des pneus, ont ajouté les responsables de la sécurité. A Sohag, une ville plus au sud où vivent également de nombreux chrétiens, des pro-Morsi ont jeté des cocktails Molotov sur l'église Mar Gergiss, située dans l'enceinte du diocèse de la ville, a rapporté l'agence Mena, évoquant des actions de représailles à la dispersion au Caire. Le clergé copte a soutenu la destitution par l'armée de M. Morsi, le patriarche copte Tawadros II était même apparu aux côtés du général Abdel Fattah al-Sissi lors de l'annonce télévisée du coup de force des militaires le 3 juillet.
Plus de 2 000 morts? Selon les protestataires, l'intervention des services de sécurité ont causé plus de 2 200 morts et 10 000 blessés. Ce sont des chiffres impossibles à confirmer de sources indépendantes. Après ce bain de sang, la présidence égyptienne a annoncé l'instauration de l'état d'urgence dans tout le pays à compter de 16h00 et pour une durée minimale d'un mois. Elle a également ordonné à l'armée d'apporter son soutien aux forces du ministère de l'Intérieur pour établir la sécurité.
couvre-feu au Caire et dans 11 autres provinces Le gouvernement égyptien a imposé, hier, le couvre-feu au Caire et dans 11 autres provinces, après des violences qui ont éclaté suite à l'intervention sanglante des forces de l'ordre pour déloger les partisans du président déchu Mohamed Morsi au Caire. Après que la présidence a annoncé l'état d'urgence, des couvre-feux seront imposés de 19H00 (17H00 GMT) à 06H00 (04H00 GMT) jusqu'à nouvel ordre, a indiqué un porte-parole du gouvernement installé par l'armée après la déposition de M. Morsi. Ces mesures s'appliquent pour un mois au Caire et aux provinces de Guizeh, d'Alexandrie, de Beni Sueif, de Minya, d'Assiout, de Sohag, de Beheira, du Nord et du Sud-Sinaï, Suez et Ismailia. Toute personne qui ne respecterait pas cette mesure s'expose à une peine de prison, a précisé le gouvernement. L'état d'urgence est entré en vigueur à 16h00 locales (14h00 GMT), a annoncé la présidence dans un communiqué lu sur une chaîne de la télévision publique.