Après avoir réussi à tempérer, pour un moment, la colère de la population, en propulsant à la tête du gouvernement, par voix démocratique, le parti islamiste justice et développement PJD, du Premier ministre Abdelilah Benkriane, le Maroc est-il en passe de vivre une nouvelle protesta visant ses nouveaux dirigeants ? À l'appel du syndicat UGTM, proche de l'Istiqlal qui a claqué la porte de la coalition gouvernementale il y a quelques mois, des milliers de personnes, des travailleurs et des familles mais aussi beaucoup de jeunes ont manifesté, dimanche, à Rabat, en riposte à la récente augmentation des prix des carburants ou du lait. Une mesure impopulaire décidée et publiquement assumée par le gouvernement dans l'espoir, expliquent ses initiateurs, de contenir un déficit ayant atteint 7,3% du PIB en 2012. Ce dernier a entrepris, dès la mi-septembre, d'indexer, d'abord, et de manière « partielle » et « limitée » les prix des carburants sur les cours internationaux, entraînant aussitôt une hausse de 5 à 8 % des prix à la pompe. Fortement contestée, cette mesure est pourtant présentée comme le point de départ d'une réforme de la caisse de compensation, qui subventionne à grands frais des produits de base : son coût a explosé, atteignant en 2012 près de 55 milliards de dirhams (4,9 milliards d'euros, 6 % du PIB). « La force de ce gouvernement est de prendre une décision qui n'est pas populaire mais qui doit être prise », a justifié le ministre en charge de cette réforme, Najib Boulif. Ces propos sont jugés inacceptables par les contestataires qui évoquent d'ores et déjà une forte mobilisation dans le royaume. Les transporteurs, en première ligne, ont ainsi menacé d'entreprendre une grève de 72 heures si leurs revendications ne sont pas satisfaites. « C'est un message clair adressé au gouvernement qui doit absolument revenir rapidement sur ses décisions. Nous appelons à des grèves dans toutes les villes et les campagnes du Maroc », a déclaré un manifestant. Fragilisé sur le plan politique depuis le retrait des ministres de l'Istiqlal, dans l'attente d'un remaniement qui se fait attendre, ouvertement critiqué par le roi Mohammed VI qui a remis en question de nombreuses de ses réformes, le gouvernement se retrouve aujourd'hui dans une posture qui ne ferait pas envier y compris ses principaux détracteurs.