« Il faut sortir les TIC de leur marasme ». C'est ce qu'a déclaré, hier, lors d'une conférence organisée par le groupe de réflexion, Care, le Dr Ali Kahlane, docteur en informatique fondamentale, fondateur en 1991 de la société Swan Informatique et aussi président d'une société fournisseur de services Internet et de solutions informatiques, Satlinker. Cet informaticien, aujourd'hui président de l'Association des fournisseurs de services Internet, connaît bien le secteur et ses problèmes pour avoir été, par la même occasion, membre du comité sectoriel permanent de recherche scientifique et de développement technologique au ministère des Postes et des TIC. M. Kahlane a tenu d'abord à rappeler les engagements de l'Algérie à développer les TIC lors du Sommet mondial de la société de l'information. Il citera l'ambitieux projet d'arriver, en 2010, à six millions de PC et réaliser trois millions de connections à Internet, via le programme Oustratic, « des chiffres qui sont loin d'être atteints », selon lui. Bien que les infrastructures avancent à grands pas, à l'image de la fibre optique, le lancement de l'ADSL, il y a une foule de dysfonctionnements et beaucoup de contraintes bureaucratiques à lever, à l'image des ISP, c'est-à-dire les providers qui ne couvrent que 5 % du marché. Ce dernier « revient quasi exclusivement à l'opérateur historique ». Le conférencier citera un autre problème lié à « l'absence de contenu qu'il faut aller chercher ailleurs », « la marginalisation du domaine national (DZ), l'absence du roaming à l'échelle nationale, celle des points d'échanges Internet (pour éviter de passer par l'étranger pour le mail), le refus de la portabilité du numéro pour la téléphonie mobile... ». Prenant l'exemple du domaine national, le Dr Kahlane nous rappelle que sa marginalisation réside dans le fait que nous n'avons que « 1.000 sites relevant du DZ alors que 45.000 sont inscrits sans toutefois être fonctionnels ». Résultat, il y a « 100.000 sites algériens qui sont hors du domaine national. » Les débats ont permis d'éclairer les spécialistes sur la question, à savoir une gestion dépassée du Cerist, organisme national dont relève ce dossier alors que pour d'autres, il s'agit de « tranquilliser les citoyens (et les pouvoirs publics aussi) sur le thème de la sécurité des données. » Car celle-ci se pose aussi pour la redynamisation du programme E. Algérie 2013. Cette dernière remarque a son pesant d'or et explique tout, lorsqu'on sait qu'elle émane d'un ex-cadre du ministère des Postes et TIC, aujourd'hui à la tête d'une société de services informatiques. La conférence ne s'est pas attardée uniquement sur l'aspect sombre du tableau des TIC en Algérie (il y a des études qui en ont déjà dressé le constat dont une, en 2006, a été destinée au président de la République), quelques idées pour la relance ont été émises. La démarche se décline en six axes dont la nécessité de créer une structure, - technique cela s'entend - qui aura à exercer « un véritable leadership qui propose un schéma directeur en matière de TIC aux autres secteurs, sans oublier l'adoption d'une stratégie globale avec notamment la numérisation des données. Bref, pour cet informaticien, aujourd'hui les retards « se sont accumulés et notre pays ne bénéficie pas - ou très peu - de tout ce que les TIC offrent comme moyen de développement ». Les chiffres parlent d'eux-mêmes, explique M. Kahlane qui dénonce les incohérences, les dysfonctionnements d'un secteur où, pourtant, l'Algérie avait, dès les années 80, une place de choix dans le domaine, où elle avait réussi à en jeter les premiers jalons, avec notamment la création d'une école d'informatique, le montage des premiers ordinateurs...