Les prestations des 6es Journées du Théâtre du Sud, inaugurées le 23 septembre dernier au Théâtre national algérien (TNA), augurent au quatrième soir de leur déroulement d'un progrès palpable réalisé au fil des années par de jeunes troupes qui tentent de faire vivre le 4e art dans les villes du sud algérien. Quatre pièces de théâtre, présentées par des troupes de Tamanrasset, Adrar (avec deux spectacles) et Ouargla, donnent déjà un avant-goût de cette manifestation, révélant une évolution appréciable dans la pratique du 4e art par ces troupes, s'accordent à dire les observateurs qui suivent ces Journées. « Er'Rfaâ », « Nazif », « El Djidar » et « El Boukaâ Es'Sawda », ont soutenu dans leurs contenus des sujets judicieusement choisis, favorisant la réflexion et écrits dans un style épique, avec des décors presque nus privilégiant la profondeur du propos et la teneur sémantique des expressions allusives. Le patriotisme chez les Algériens d'aujourd'hui, le débat existentiel entre une mère et son fils, ou encore l'exploration profonde de l'irrationnel chez l'homme, sont autant de sujets importants abordés, suscitant le questionnement philosophique. Le Théâtre du Sud, certes encore en gestation, aura jusque-là frappé fort, faisant le choix d'une option claire, marquée par le souci d'être un acteur utile dans la cité avec la volonté ferme d'inscrire le fait théâtral dans son véritable rôle d'éclaireur pour l'individu et la société. Des débats quotidiens sanctionnant les représentations sont organisés sur les lieux de résidence des participants donnant l'opportunité aux professionnels du théâtre - à l'instar du metteur en scène et comédien Ahmed Benaïssa convié pour « superviser » ces journées - d'apprécier le niveau des prestations et de prodiguer quelques enseignements pédagogiques. Par ailleurs, les participants à ces journées, représentant les « futurs acteurs qui assureront la pérennité des théâtres régionaux en construction dans le Sud du pays », bénéficient d'un cycle de formation périodique. Aussi, des ateliers pratiques ont-ils été centrés sur le rapport entre le comédien et son espace d'expression ainsi que sur l'utilisation judicieuse des accessoires, de l'éclairage et du son qui regroupe la musique et les bruitages, sont organisés parallèlement aux pièces de théâtre. L'espace « Sada El Aklem » (Echo des plumes) du TNA a choisi, pour sa part, de rendre hommage à Malek Haddad à travers la lecture d'un texte du critique et journaliste, Bouziane Benachour, inspiré de l'œuvre du romancier « Le quai aux fleurs ne répond plus », et mettant en valeur une autre vision de l'auteur concernant la Révolution algérienne face au colonialisme. Seul bémol de ces 6es Journées - qui semblent par ailleurs souffrir d'un manque de promotion - la faible affluence du public, peut-être due à « une programmation coïncidant avec une rentrée sociale dont les centres d'intérêt sont à l'évidence, bien ailleurs », selon des observateurs. Regroupant une dizaine de représentations, les 6es Journées du Théâtre du Sud se poursuivent jusqu'au 30 septembre à Alger où des troupes de Laghouat, El Oued, Ouargla, Naâma et Biskra sont attendues sur les planches du TNA.