La Direction générale de la sûreté nationale ne va pas procéder au retrait des policiers des différents stades. Toutefois, le dispositif sécuritaire sera allégé après la mobilisation de plus d'un millier de stadiers. C'est ce qu'a annoncé, hier, le directeur de la sécurité publique, Aïssa Naïli, qui s'exprimait lors du forum organisé à la direction des Unités républicaines de la sûreté à El Hamiz, sur le thème « La coupe de l'esprit sportif de la Sûreté nationale ». Une batterie de mesures sécuritaires ont été prisees par la DGSN à l'occasion de la saison sportive 2013-2014, marquée déjà par le décès de trois supporters. Les chiffres communiqués par le même responsable font ressortir que le dispositif mis en place par le commandement de la police ces trois dernières années a été efficace vu la diminution des pertes humaines et des dégâts matériels mais qu'« il reste beaucoup à faire », indique M. Naïli. Durant l'année 2011, les services de police ont procédé, dans le cadre de la lutte contre la violence dans les stades, à l'arrestation de près de 20.000 individus dont 1.191 ont été présentés devant les différents parquets qui ont ordonné le placement de 496 d'entre eux sous mandat de dépôt. Un chiffre qui a connu une baisse sensible en 2012, année au cours de laquelle 2.553 supporters ont été interpellés dont 81 ont été écroués. De même pour le premier semestre de l'année en cours où 111 arrestations ont été opérées et qui se sont soldées par le placement de 51 supporters sous mandat de dépôt. Les incidents ont également connu une baisse durant la saison sportive 2012-2013 de 35 cas, a souligné le DSP qui a indiqué que 102 incidents ont été enregistrés ayant conduit à l'arrestation de 253 personnes dont 50 mineurs. Les actes de vandalisme ont causé des blessures à 457 personnes dont 297 policiers et des dégâts à 76 véhicules. La saison sportive 2013-2014 a été marquée par 10 cas d'atteinte à l'ordre public dont quatre incidents enregistrés en ligue 1, trois incidents dans la division amateurs et un incident lors du championnat interrégional. Une quantité importante de fumigènes a été saisie par les services de police dans une chambre de l'hôtel du 5-Juillet et dans un bus transportant des supporters de l'USMA. Sur cette question, le conférencier a mis l'accent sur la responsabilité des présidents des clubs et des équipes. Il a même évoqué « une complicité et un laxisme ». Le rapport communiqué reflète les efforts des services de police mobilisés dans la lutte contre ce phénomène. « Mais ils restent insuffisants », dira le responsable de la police. Pour faire face à cette situation, le commandement de la police a pris de nouvelles mesures à l'occasion de la saison sportive. Outre le renforcement du contrôle et la surveillance routière et aérienne, la DGSN vient d'adopter un système de « zonage » dans les enceintes sportives. Les stades seront partagés en zones afin de situer les responsabilités en cas d'incidents ou de dépassements. Il sera, en outre, mis en place un cordon de sécurité au niveau des accès et des tribunes. Les policiers seront également chargés de l'accompagnement des supporters qui doivent être soumis à une fouille. « Il s'agit de mesures préventives pour assurer le bon déroulement des matchs », a expliqué le conférencier. Le directeur de la sécurité publique est aussi revenu longuement sur la nouvelle loi 13-05 relative à l'organisation et au développement des activités physiques et sportives qui se compose de 250 articles englobant sept axes principaux, notamment l'article 159 qui répond à certaines préoccupations des clubs sportifs relatives aux normes de sécurité dans les infrastructures sportives ainsi que l'article 200 concernant la formation de stadiers . Mission accomplie pour les stadiers à Blida Ce dispositif de sécurité sera renforcé par des stadiers qui constitueront des postes avancés dans les enceintes sportives à travers l'accompagnement des supporters, leur orientation et leur contrôle. Sur cette question, le DSP a fait savoir que sur initiative du DGSN (Directeur général de la sûreté nationale), le général-major Abdelghani Hamel, en coordination avec la Confédération nationale de consultation et de coordination du mouvement associatif, « 500 jeunes ont été formés comme stadiers. Ils ont été sélectionnés parmi 1.000 candidats. Ces derniers ont encadré le match qui a opposé l'équipe nationale à la Libye au stade Tchaker de Blida. C'était une réussite. Dans ce sillage, 1.000 jeunes vont être formés prochainement comme stadiers », a expliqué le président de la Confédération nationale de consultation et de coordination du mouvement associatif, Abdelkrim Abidat, dans la même conférence. Saisissant cette opprtunité, le directeur de la sécurité publique a appelé tous les partenaires, comités de supporters, présidents de club et responsables, à conjuguer les efforts pour parer à ce phénomène qui menace la sécurité publique. Des caméras High tech dans les stades de 11 wilayas Parmi les mesures prises par la DGSN, figure le renforcement de la télésurveillance dans les enceintes sportives. Dans son intervention, le directeur des moyens techniques, le commissaire divisionnaire Zinedine Maârouf, est revenu sur le projet d'installation de caméras de surveillance dans les stades. Une première expérience a été entreprise au niveau du complexe sportif Chahid- Hamlaoui dans la wilaya de Constantine. « Une mesure efficace qui a donné des résultats lors du match Algérie-Maroc. » A cet effet, 12 études ont été finalisées concernant l'installation de caméras de télésurveillance par les services de police dans les wilayas d'Oran, Blida, Saïda, Béjaïa, Bordj Bou Arréridj, Mascara, Tissemssilt, Tiaret, Annaba, Relizane et Sétif (deux stades). Les travaux seront lancés très prochainement, a indiqué le directeur des moyens techniques. Dans ce sillage, la DGSN a intégré le système du commandement de contrôle et de coordination dans les matchs à haut risque. Une première coupe pour « la réconciliation sportive » Abdelkarim Abidat a annoncé que le président de la République a donné son aval pour la création d'une « Coupe d'Algérie pour la réconciliation sportive », une première du genre. Tous les détails sur cette initiative de la fédération seront présentés après l'Aïd Adha, lors du forum d'El Moudjahid. « On a été félicité par le président de la Fifa, Joseph Blatter, pour notre rôle en tant que mouvement associatif », a-t-il soutenu. Le même responsable a souligné que les supporters impliqués dans des actes de violence dans les stades sont des jeunes âgés entre 18 et 25 ans qui « sont en rupture avec l'ordre social et le stade représente pour eux une tribune de révolte contre la société ». Le même responsable a plaidé pour un plan national de prévention contre la violence dans les stades et la structuration des comités de supporters en clubs afin d'identifier les supporters qui doivent être munis d'une carte de fidélité et promouvoir des cartes d'abonnement annuel pour leur permettre d'assister aux matchs sans difficulté. Les comités des supporters se plaignent De leur côté, les comités des supporters du CRB, de l'USMH, du MOC et l'association Ouled El Houma ont soulevé, dans leurs interventions, des insuffisances dans les enceintes sportives à l'instar du stade 1er-Novembre de Mohammadia qui manque d'issues de secours et de guichets de vente de billets sans compter la capacité du stade. Les comités de supporters ont revendiqué la nécessité de s'attaquer aux causes. « Il y a une gestion identique dans tous les stades. Des réseaux sont implantés dans le football. On a les moyens d'y faire face mais une stratégie efficace nous manque », a lancé le président de l'association Ouled El Houma, M. Bergui. Ali Bencheikh : la déception des supporters est liée à la prestation des joueurs L'intervention de l'ex-International Ali Bencheikh était sans complaisance. Le célèbre joueur du MCA a déploré l'absence de terrains de proximité dans les quartiers et le non-respect de la loi, notamment dans la tenue des assemblées générales des clubs sportifs. « On ne pourrait jamais justifier la violence, mais on peut comprendre la déception des jeunes supporters en découvrant sur le terrain des joueurs qui ne sont pas à la hauteur alors qu'ils touchent 250 millions de centimes mensuellement. On donne ce salaire à un joueur à l'EN pour qu'il soit meilleur. La FAF doit jouer son rôle, celui de développer le football algérien et non se focaliser uniquement sur l'équipe nationale. La FAF n'a jamais été aussi riche. Il y a urgence à mettre en place une stratégie. On doit également impliquer les concernés, à savoir les anciens footballeurs, et revoir la gestion des stades à l'image de ceux du 1er-Novembre de Mohammadia et de Bologhine qui doivent être fermés. Je confirme une chose : sur le terrain, on constate l'absence de tous les responsables, seule la police est présente et remplit convenablement sa mission », a conclu l'ex-coqueluche mouloudéenne.