La transition démocratique en marche suscite les pires appréhensions. Le 2e tour est en danger de graves dérapages. La mise en garde énergique, lancée par l'ancien Premier ministre et porte-parole de « l'alliance arc-en-ciel », Lansana Kouyaté, atteste de la gravité de la situation. Le risque de « bipolarisation ethnique » est fortement redouté. «Il faut craindre des affrontements opposant un camp composé majoritairement de peulhs et l'autre de malinkés, des gens de la forêt et de la basse côte », précise-t-il. La transition démocratique en marche suscite les pires appréhensions. Entre le 1er tour, marqué par les accusations de fraudes ayant retardé la proclamation des résultats, et l'impréparation du scrutin, les divergences opposent les deux camps rivaux, représentés par le vainqueur Cellou Dallein Diallo (43,69%) et son challenger, l'opposant historique Alpha Condé (18,25%), trônant sur une alliance « arc-en-ciel » et décidé plus que jamais à ne plus se faire « voler sa victoire.» Pour son porte-parole, Lansana Kouyaté, le « nettoyage » du système informatique de la CENI (commission électorale nationale indépendante), accusée de partialité, est nécessaire pour conjurer les vieux démons de la fraude et éviter les dépassements du 1er tour. Il est demandé de favoriser une co-organisation du scrutin entre la CENI et le gouvernement. Car, pour lui, « une mauvaise élection peut entraîner le chaos.» A cet effet, le Premier ministre Jean Marie Doré a décidé d'introduire un amendement constitutionnel pour associer le ministère de l'Administration du territoire et des Affaires politiques à la CENI. Ce qui a pour résultat de soulever le courroux du camp de Cellou Diallo appelant à la démission du Premier ministre et dénonçant les tentatives de torpillage du processus électoral. En attendant l'arbitrage du chef de la transition, le général Sekouba Konaté, la carte de l'apaisement est privilégiée par la France qui invite les autorités « de tout mettre en œuvre, dans un esprit de réconciliation nationale, pour assurer une campagne électorale apaisée. »