Après près de dix jours d'incertitude sur la tenue de ce scrutin, les Guinéens sont désormais fixés sur la date du second tour de l'élection présidentielle. Il se tiendra le 14 août prochain. Le comité d'organisation (CenI), qui avait été sévèrement critiqué pour la mauvaise organisation du premier tour, tente de rassurer les acteurs politiques et la communauté internationale. Il jure avoir pris toutes les dispositions pour éviter les erreurs du passé et empêcher notamment toute velléité de tricheries et autres magouilles qui pourraient entacher la crédibilité du vote. Le vote ne sera pas volé, a de son côté affirmé le président de la transition, chef de la junte militaire au pouvoir à Conakry. De nombreuses erreurs avaient été commises lors du premier tour à cause de l'ignorance des membres des bureaux de vote, du manque de formation des représentants des partis politiques et des électeurs sur les techniques de vote. La Cour suprême a dû ainsi invalider des centaines de milliers de bulletins, privant ainsi les candidats de voix qui auraient pu leur permettre de se tirer d'affaire avec des scores honorables. C'est le cas notamment dans la commune de Matoto, fief de l'Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) de l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, qui a perdu près de 600 000 voix dans tout le pays. Le candidat du Rassemblement du peuple de Guinée (Rpg), Alpha Condé, aurait également perdu des dizaines de milliers de voix après l'annulation du vote à Mandiana et dans d'autres villes de la haute Guinée, son fief. C'était la première fois depuis leur indépendance en 1958 que les Guinéens participaient à un scrutin pluraliste. Les tractations se poursuivent à Conakry pour la mise en place des alliances en vue du second tour. L'Union des forces républicaines (Ufr), de l'ancien Premier ministre Sidya Touré, arrivée en troisième position avec un peu plus de 13% des voix, est courtisée par les deux premiers. Apparemment, l'Ufr donnera ses voix à l'Ufdg, les négociations sur un partage du pouvoir ayant échoué avec le Rpg. Encore faut-il que les consignes de vote aient un sens dans ce pays encore marqué par le tribalisme. Une demi-douzaine de partis politiques ont décidé de soutenir la candidature de Cellou Dalein Diallo au second tour. C'est le cas notamment du Parti de l'unité et du progrès (Pup) de l'ancien président Lansana Conté, le Parti génération citoyenne (Pgc), de Fodé Mohamed Soumah, et le Parti nouvelle génération pour la République (Pngr), du richissime homme d'affaires Ibrahima Abe Sylla. Cellou Dalein a eu également l'appui de l'ancien Premier ministre, Lansana Kouyaté, du Parti de l'espoir pour le développement national (Pedn), arrivé en quatrième position. De son côté, Alpha Condé du Rpg est soutenu par une douzaine de partis politiques parmi lesquels le Rassemblement pour la défense de la République (Rdr), de l'ancien ministre de l'Environnement, Papa Koly Kourouma, cousin de l'ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara… Le second tour promet d'être chaud.