Julaybib, nom peu commun et réducteur n'est autre que la forme diminutive de "Jalbab" et signifie "petit homme". On comprend par là que Julaybib était petit et trapu, voire nain. Il était, en outre, décrit comme étant "damîm" c'est-à-dire repoussant ou laid. Julaybib savait simplement qu'il était arabe et qu'au sein de la récente communauté musulmane il faisait partie des Ansars. Cependant, on ne sait pas s'il appartenait à l'une des tribus des environs de Médine qui avaient migré par la suite vers la ville ou s'il était un Ansar de la ville même. Julaybib pouvait-il espérer le respect et la considération ? Allait-il pouvoir satisfaire ses besoins émotionnels élémentaires en tant qu'homme et individu ? Etait-il impossible qu'il entretienne des relations humaines normales ? Dans le cadre de la nouvelle société islamique, allait-il encore être écarté des affaires de l'Etat et des questions courantes ? Malgré les problèmes qui le préoccupaient, le Prophète de la Miséricorde — paix et bénédictions sur lui — sut également écouter les besoins et la sensibilité du plus humble de ses compagnons. Pensant à Julaybib, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — alla trouver un Ansar pour lui demander la main de sa fille. "Quelle merveille et quelle bénédiction, ô Messager de Dieu ! Quel plaisir ce serait à mes yeux, répondit l'Ansârite débordant de joie et de bonheur. - Je ne la veux pas pour moi, ajouta le Prophète (QSSSL). - Pour qui alors, ô Messager de Dieu ? demanda l'homme quelque peu déçu. - Pour Julaybib, répondit le Prophète (QSSSL). Trop déstabilisé pour réagir, l'Ansârite se contenta de dire qu'il allait consulter son épouse. Il raconta à son épouse : "Le Messager de Dieu, puisse Dieu lui accorder paix et miséricorde, est venu demander la main de notre fille. "Elle fut transportée de joie. "Quelle merveilleuse idée et quel plaisir ce serait !" Quand son mari ajouta : "Il ne la veut pas pour lui mais pour Julaybib.", ahurie, elle protesta : "Pour Julaybib ? Non jamais de la vie ! Non par Dieu, nous ne la marierons pas à Julaybib." La jeune fille entendit les protestations de sa mère tandis que son père était sur le point d'informer le Prophète (QSSSL) de la décision de son épouse. Elle s'enquit du nom du prétendant. Sa mère lui fit part de la demande du Prophète (QSSSL). Lorsqu'elle apprit que la requête venait du Prophète (QSSSL) et que sa mère était complètement opposée à cette idée, la jeune fille en fut très perturbée. "Refuses-tu la requête du Messager de Dieu ? J'accepte car il ne peut m'égarer." N'est-ce pas là la réponse d'une grande femme consciente des exigences de l'islam ? Existe-t-il satisfaction plus grande que d'obéïr aux commandements du Messager de Dieu ? Ce compagnon du Prophète — paix et bénédictions sur lui — dont nous ne connaissons même pas le véritable nom avait certainement eu connaissance de ce verset du Coran : "Il n'appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu'Allah et Son messager ont décidé d'une chose d'avoir encore le choix dans leur façon d'agir. Et quiconque désobéït à Allah et à Son messager, s'est égaré certes, d'un égarement évident.