Le voile colonial et l'inqualifiable black-out imposé par la presse, notamment française, sur le drame sahraoui, se sont fissurés pour révéler la nature barbare de l'occupation anachronique. Le retour en force de Christopher Ross, balayant d'un revers de main le désaveu marocain privilégiant l'opacité à la quête de la manifestation de la vérité, a assurément favorisé une expression libre de la volonté de paix et d'indépendance d'un peuple attaché à la légalité internationale et respectueux des accords conclus sous l'égide de l'ONU. Pour sa 3e visite au Sahara occidental occupé, il a ainsi vu la terreur coloniale s'abattre sur des civils, désarmés, faut-il le souligner, coupables d'exercer leur droit inaliénable à manifester pacifiquement. Au moment même où Christopher Ross a bouclé son périple dans la région, des rassemblements ont été durement réprimés, d'abord à Smara qu'il a visitée pour la première fois et dans la mythique capitale sahraouie occupée, El Ayoune. Les violences coloniales ont été rapportées par l'Association marocaine des droits humains (AMDH) recensant, dans un rapport, une trentaine de blessés. Au cœur de la problématique de l'indépendance, la question des droits de l'Homme se pose dans toute son acuité. Dans la perspective d'une solution « plus urgente que jamais », il est de plus en plus admis que le principe de la surveillance des droits de l'Homme soit intégré dans les prérogatives de la Minurso. Mais, plus fondamentalement, le temps du référendum s'impose, et est, en réalité, incontournable. Au lendemain de la représsion qui a coïncidé avec la visite de Ross, l'édition anglophone du mensuel français Le Monde Diplomatique pour le mois d'octobre a publié un article exhortant l'ONU et la France qui ne cesse d'appuyer la thèse marocaine, à mettre fin à « l'impasse mortelle » du dossier du Sahara occidental, tout en relevant les multiples « échecs » de l'ONU et en pointant du doigt la France qui « bloque » les efforts diplomatiques relatifs à l'affaire sahraouie. Pour sa part, le Washington Times a consacré un long éditorial à la question du Sahara occidental dans lequel il a soutenu qu'il était temps pour les Nations unies d'honorer ses engagements, formulés depuis 22 ans, pour la tenue d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Publié par David Keene, l'un des plus célèbres éditorialistes du quotidien américain, cet éditorial intervient quelques jours après celui du journal centriste Le Washington Post qui avait critiqué le roi Mohamed VI pour ses « pratiques autocratiques ». Tout en soulignant le caractère colonial de l'occupation marocaine, la légitimité du combat sahraoui pour son indépendance et les engagements non tenus de l'ONU, l'éditorialiste du Washington Post a mis le doigt sur la réalité du lobbying qui a coûté des millions de dollars pour le Maroc au bord de l'asphyxie financière « afin de s'assurer que le gouvernement américain n'appuierait pas les Sahraouis qui vivent soit sous occupation marocaine ou dans des camps de réfugiés gérés par l'ONU en Algérie », a-t-il écrit. Dans son analyse du cas sahraoui, David Keene se déclare convaincu que « les Sahraouis sont préparés et ont effectivement prouvé qu'ils étaient capables de s'autogouverner, mais le fait qu'ils optent pour la justice plutôt que pour la guerre, a amené l'ONU et les Etats-Unis à ignorer leur sort pendant près de 40 ans ».