Rabat au pied du mur. Au moment où l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a clôturé sa 3e visite dans les territoires occupés et les camps réfugiés où il a pu apprécier à sa juste mesure le drame sahraoui et la barbarie du système colonial anachronique, le Parlement européen, adoptant le rapport Tannock, dresse un bilan peu élogieux sur la situation des droits de l'homme au Sahara occidental. Dans son rapport sur la situation des droits de l'homme au Sahel et, plus particulièrement au Sahara occidental, présenté mardi à Strasbourg, Charles Tannock a souligné que « l'autodétermination, au même titre que les droits de l'homme, est au centre du débat pour trouver une solution au conflit du Sahara occidental ». Tout en mentionnant les « multiples violations », notamment la torture, les atteintes au droit de circulation, d'association et d'expression, dûment constatées par le rapporteur spécial des Nations unies et de nombreuses ONG, il a appelé les autorités marocaines à procéder à la « libération immédiate » de tous les prisonniers politiques sahraouis. L'expulsion des euro-députés, empêchés de se rendre au Sahara occidental en mars dernier, est l'illustration parfaite du black-out imposé aux journalistes et aux observateurs indépendants. Le Parlement européen a regretté, à cet effet, que l'ONU n'ait toujours pas pu mettre sur pied un « mécanisme indépendant et crédible de monitoring des droits de l'homme au Sahara occidental ». Le rapport constituera, selon le commissaire, Neven Mimica, intervenant au nom de Catherine Ashton, la représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, un texte référentiel pour l'UE. Ce qui n'a pas manqué de soulever la satisfaction du Front Polisario, conforté par la démarche du Parlement européen refusant de suivre le Maroc « dans sa tentative de faire évacuer la question sahraouie du rapport ». A cet effet, le ministre délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, s'est félicité de ce « coup diplomatique » qui marque « l'isolement de la thèse marocaine d'occupation de notre territoire et de répression de sa population ». Pour le responsable sahraoui, l'Europe est directement interpellée par le rapport du Parlement européen sur la question du partenariat euro-marocain. Un rapport qui « tranche », selon lui, en faveur des droits sahraouis, au moment où les autorités d'occupation « accentuent leurs dérives répressives » durement vécues, les 19 et 20 octobre dernier par les populations d' El Ayoune et Smara manifestant pacifiquement contre la détérioration des conditions de vie et les atrocités de l'occupation.