Le ministre délégué sahraoui pour l'Europe, Mohamed Sidati, a dénoncé, jeudi, les "manœuvres" marocaines pour bloquer l'adoption par une commission du Parlement européen du rapport de Charles Tannock sur la situation des droits de l'Homme au Sahel et au Sahara Occidental. Salué par le Front Polisario lors de son adoption mardi par la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen (AFET), le rapport Tannock sera soumis à l'approbation et au vote du parlement européen en session plénière au mois d'octobre prochain. "Un fait qui devrait être souligné au sujet du rapport Tannock sur la situation des droits de l'Homme au Sahel et au Sahara Occidental, est celui relatif à la campagne agressive menée, ces derniers mois, par les lobbies marocains et pro-marocains de façon insistante, voire flagrante", a affirmé M. Sidati dans une déclaration au journal "Al Mihwar". "Dans un premier temps, le lobby a essayé d'évacuer la question des droits de l'Homme au Sahara occidental, de tout débat au sein du Parlement européen", a-t-il ajouté. Selon M. Sidati, ce lobby "a tenté notamment, à travers multiples manœuvres d'éviter que la question fasse l'objet d'un rapport spécifique de l'institution européenne". "N'y étant pas parvenu, le lobby a eu recours à un autre stratagème, qui consiste à diluer la question du Sahara occidental dans celle, vaste, du Sahel, pour confondre les parlementaires, en réduire la dimension et l'essence, et donc occulter la vraie nature du problème qui est éminemment une question de décolonisation", a-t-il révélé. M. Sidati, également membre de la direction nationale du Front Polisario, a ensuite relevé que "le lobby en question, voyant là encore que ses manœuvres ont été déjouées, s'est employé activement à tenter d'atténuer la teneur du rapport Tannock, à en édulcorer le contenu". Pour lui, le mérite du rapport adopté mardi par l'AFET consiste à avoir "rappelé, avec force, les fondamentaux de la question du Sahara occidental". Dans ce sens, le rapport Tannock se veut une "affirmation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, invitation au Royaume du Maroc et au Front Polisario à poursuivre les négociations directes pour parvenir à une solution pacifique", a-t-il indiqué. Il se veut aussi une "alerte sur la grave situation des droits de l'Homme découlant de l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc et donc une description sans fard de cette situation, donc et de l'épreuve imposée aux populations civiles sahraouies". Au passage, le rapport adopté par l'AFET ne manque pas de rappeler "les grands efforts" déployés par le Front Polisario pour pourvoir aux besoins des populations réfugiées sahraouies et améliorer un tant soit peu leurs conditions de vie", de même qu'il salue "le dynamisme de la société civile et, en particulier, celui des femmes sahraouies". Le ministre sahraoui a relevé, dans sa déclaration, que "le rapport n'a pas omis de déplorer profondément l'expulsion par le Maroc des eurodéputés qui se rendaient au Sahara occidental au mois de mars 2013". "Le rapport demande expressément aux autorités marocaines le libre accès au territoire, pour les parlementaires, pour les journalistes et les observateurs indépendants désireux de s'enquérir de la situation sur le terrain", a conclu M. Sidati.