Il a fallu bien du temps à la communauté internationale pour saisir les dangers découlant de l'instabilité de la région du Sahel, fortement secouée par les déstabilisations de Libye et du Mali, et surtout par les violences commises par les groupes armés activant sous l'égide d'al Qaïda. Longtemps oubliée par la communauté internationale, la région retrouve, aujourd'hui, toute son importance géopolitique, suscitant d'âpres rivalités entre les grandes puissances occidentales qui lorgnent ses richesses multiples (pétrole, gaz, uranium...). Des enjeux gigantesques auxquels elles ne peuvent prétendre, sans s'assurer de la sécurisation et du développement des pays de la région. C'est pourquoi, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui sillonne la région depuis lundi dernier, a longuement mis l'accent sur la solidarité internationale avec cette fragile région du continent noir. Entamant sa tournée régionale par le Mali, M. Ban a appelé, mardi dernier, à « renforcer la coopération internationale pour faire face aux défis du Sahel, frappé par la guerre, des attaques terroristes et la famine », au terme d'une réunion à Bamako avec les autorités maliennes et plusieurs chefs d'institutions africaines et internationales, dont l'Union africaine, l'Union européenne, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement qui l'accompagneront dans sa tournée au Niger, au Burkina-Faso et au Tchad. « Ce que je suis venu vous dire, c'est avant tout ceci : nous sommes à vos côtés. La communauté internationale est solidaire des Sahéliens. J'en veux pour preuve l'impressionnante délégation qui m'accompagne », a-t-il proclamé. Lundi dernier, la Banque mondiale a annoncé qu'elle consacrera 1,5 milliard de dollars à de nouveaux investissements régionaux au cours des deux prochaines années, en plus de contribuer à d'importants programmes nationaux. L'Union européenne a, de son côté, promis 5 milliards d'euros à 6 pays de la région au cours des 7 prochaines années. Selon le patron de l'ONU, le Sahel a besoin d'« efforts sortant de l'ordinaire » dans le sens où la communauté internationale devrait, insiste-t-il, dépasser les frontières institutionnelles et trouver le moyen d'intégrer à l'échelle de la région les initiatives portant sur la situation politique, la sécurité, le développement et l'aide humanitaire. « Nous pouvons vous aider à progresser plus vite, à mettre fin à la succession des crises et à avancer vers la paix, la sécurité et le développement. Le Sahel peut avancer et il avancera mais seulement s'il est uni », a-t-il expliqué. M. Ban a profité de son séjour malien pour rendre une brève visite à la ville historique de Tombouctou où il a rendu hommage aux populations ayant « beaucoup souffert pendant la période de l'occupation » du Nord par les terroristes d'al Qaïda. Après le Mali, le secrétaire général de l'ONU s'est rendu au Niger, où il a rencontré, hier, le président nigérien Mahamadou Issoufou, à Niamey. Il a participé le même jour à une réunion au Palais des congrès de Niamey et prononcé un discours devant l'Assemblée nationale. Il regagnera par la suite Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, où il poursuivra son périple sahélien qu'il doit achever au Tchad.