Dans une lettre conjointe, le sénateur républicain, James Inhofe, et le sénateur démocrate, Patrick Leahy soulignent : « Nous vous adressons cette lettre pour vous demander d'examiner la question des violations incessantes des droits de l'homme au Sahara occidental avec le roi marocain Mohamed VI au cours de sa prochaine visite aux Etats-Unis ». « Plus précisément, nous vous demandons de presser le roi Mohamed VI de cesser son opposition à la création d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme au sein de la Minurso », ont ajouté les deux sénateurs qui ont soutenu que l'élargissement de la Minurso à un tel mécanisme « permettrait d'appliquer d'une manière efficace » une des principales recommandations du rapport sur le Sahara occidental adressé, en avril dernier, par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, au Conseil de sécurité. Les deux membres de la Chambre haute du Congrès ont ainsi rappelé que le secrétaire général de l'ONU avait clairement mentionné que, compte tenu des rapports continus sur les violations des droits de l'homme, « la nécessité d'une surveillance indépendante, impartiale, globale et soutenue de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental devient de plus en plus urgente ». Les deux sénateurs ont aussi précisé au chef de la Maison Blanche que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU et le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, avaient également préconisé la création d'un tel mécanisme. Outre les institutions onusiennes, ont-ils poursuivi, le rapport Tannock, adopté en octobre dernier par le Parlement européen, a aussi regretté que l'ONU n'ait toujours pas pu mettre sur pied un « mécanisme indépendant et crédible » sur la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental. En suivant de près le dossier du Sahara occidental, MM. Inhofe et Leahy ont prévenu que la création d'un tel mécanisme « est urgente ». Ils ont également rappelé que depuis le cessez-le feu en 1991 entre le Front Polisario et le Maroc, les rapports des droits de l'homme du département d'Etat américain ont constamment fait état d'abus, telles la torture, les disparitions forcées et les restrictions sévères à la liberté d'expression et d'association commis contre les Sahraouis par le Maroc. Outre ces rapports, ont-ils poursuivi, les ONG internationales des droits de l'homme rapportent ces pratiques condamnables auxquelles recourent les autorités marocaines contre les Sahraouis, ainsi que les procès inéquitables tel celui de Gdeim Izik, tandis qu'une fosse commune a été découverte récemment dans laquelle avaient été jetés des Sahraouis exécutés par les autorités marocaines. Déplorant le fait que la Minurso soit la seule mission de maintien de la paix de l'ONU qui demeure privée d'un tel mandat, ces deux membres du Congrès ont avancé qu'un tel mécanisme « permettrait non seulement de clarifier l'étendue et la responsabilité de ces abus en matière des droits de l'homme, mais aussi de réduire la violation de ces droits au fil du temps ». Les sénateurs ont ajouté que, du fait que certaines ONG, telles que Human Rights Watch et Amnesty international, se voient refuser l'accès au Sahara occidental occupé, un tel mécanisme onusien « indépendant et impartial » de surveillance des droits de l'homme devient en conséquence « essentiel ». Il est à rappeler que le Congrès américain avait adopté en 2011 une loi qui exige du département d'Etat d'examiner la situation des droits de l'homme au Sahara occidental occupé avant l'octroi de toute aide financière militaire au Maroc, et de présenter, à cet effet, un rapport annuel sur les droits de l'homme des Sahraouis à la Chambre des représentants et au Sénat.