Le film documentaire Retour à Montluc, retraçant le parcours carcéral dans les couloirs de la mort de Mustapha Boudina, ancien condamné à mort, a été projeté pour la première fois, samedi soir, à l'Espace culturel algérien de Toulouse. Retour à Montluc, produit et réalisé par le journaliste Mohamed Zaoui, est construit sur une série de témoignages d'hommes politiques français, d'avocats, d'historiens et d'anciens détenus du Fort Montluc à Lyon (France). Dans ce film, Mustapha Boudina, sénateur et président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort, deux fois condamné à la peine capitale et poursuivi pour une troisième accusation durant la Guerre d'Algérie, revenant sur les traces de son passé carcéral, rapporte l'épreuve inhumaine qu'il a vécue avec ses compagnons de cellule à travers un récit poignant. Il renvoie le spectateur plusieurs années en arrière pour lui raconter «la crainte permanente de cette aube fatale où le geôlier frappe à la porte» pour conduire les condamnés à la guillotine. Arpentant le couloir de la mort où il a été incarcéré et la cellule numéro 14, où il était en détention, l'ancien condamné à mort, précise qu'entre 1956 à 1962, ils étaient quelque 2 300 détenus dans les couloirs de la mort en Algérie et en France, 217 ont été exécutés dont 208 guillotinés, le reste a été soit empoisonné, soit brûlé vif. Lors du débat qui a suivi la projection du film documentaire, le réalisateur a relevé que pendant longtemps Mustapha Boudina est resté discret sur son passé d'ancien condamné à mort et que l'opinion le connaissait plutôt comme syndicaliste. Il a également indiqué que l'idée d'un documentaire sur son parcours carcéral, lui a été inspiré lorsqu'il a appris que cet ancien condamné à mort comptait accomplir un pèlerinage à Montluc où il a été détenu jusqu'au jour où il bénéficiera d'une amnistie le 11 mai 1961. Rahmouni Madjid, membre actif de l'association Nedjma, organisatrice de cette projection-débat, a précisé que celle-ci œuvre pour la transmission de la mémoire et la diffusion de ce film documentaire, intervient précisément dans le cadre de la commémoration des massacres du 17 Octobre 1961, a-t-il dit à l'APS.