Juste avant le début de ce nouveau round de discussions, présenté comme décisif et porteur de progrès, le guide suprême, Ali Khamenei, avait appelé les négociateurs iraniens à respecter les « lignes rouges » que constituent l'enrichissement d'uranium sur le sol iranien et le refus de fermer le site souterrain d'enrichissement de Fordo. La pression est mise sur les négociateurs iraniens appelés à défendre les « droits nationaux ». Si le premier round s'était achevé, le 9 novembre, sans aboutir à un accord, torpillé par l'intransigeance française, tous les participants avaient cependant souligné les progrès accomplis, rendus en grande partie possibles par la politique d'ouverture menée, depuis son élection en juin, par le président Rohani. « Tout comme l'Iran est déterminé à ce que ses activités nucléaires soient pacifiques, il défendra fermement ses droits nucléaires », a-t-il déclaré, mardi dernier, au Premier ministre britannique, David Cameron. « Le langage du respect doit remplacer celui de la menace et des sanctions », a ajouté le chef de l'Etat iranien. M. Rohani a également eu un entretien téléphonique avec le président chinois, Xi Jinping, à qui il a expliqué que l'Iran « voulait un accord qui préservera ses droits ». Il a appelé Pékin à « agir contre les demandes excessives de certains pays », en faisant allusion à la France qui avait réclamé, lors de la dernière réunion, un durcissement du texte de l'accord intérimaire préparé par l'Iran et les Etats-Unis. Prenant le relais, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a insisté sur les droits de son pays, tout en affirmant vouloir, cette fois-ci, repartir de Genève avec un accord. « Je vois une vraie possibilité d'y parvenir », a-t-il déclaré à l'issue d'un entretien avec son homologue italienne, Emma Bonino. Le challenge iranien est confronté au radicalisme d'un Netanyahu plaidant la cause d'Israël auprès de Vladimir Poutine qu'il a rencontré hier et espérant un « tout léger changement » de Moscou de nature à « influer sur l'ensemble du processus ». Le Premier ministre israélien fait feu de tout bois pour mettre en échec un accord qui permettrait d'alléger les sanctions des grandes superpuissances sans que Téhéran s'engage à arrêter les travaux de construction d'une centrale de production d'eau lourde à Arak, un point qui figure, rappelons-le, parmi les « lignes rouges » du guide suprême iranien. Le président américain, Barack Obama, au fait des « exigences » israéliennes, a affirmé, mardi dernier, qu'il ne sait pas si les négociations de Genève aboutiraient à un accord intérimaire. Il a en même temps enjoint le Congrès à plus de souplesse pour ne pas voter un renforcement des sanctions existantes, comme certains faucons l'envisagent, et en définitive donner une chance de réussite aux pourparlers de Genève.