Benyamin Netanyahu et Mahmoud Abbas se retrouveront jeudi à Washington pour entamer des négociations de paix directes sous la tutelle de Barack Obama qui les recevra demain soir pour un dîner à la Maison Blanche en compagnie du roi de Jordanie Abdallah et du président égyptien Hosni Moubarak. Cette rencontre directe sera la troisième depuis la signature des accords d'Oslo en 1993, la première c'était en 2000 entre Ehud Barak et Yasser Arafat à Camp David et la seconde, c'était en 2008 entre Ehud Olmert et Abbas. Etat des lieux. Netanyahu tente de mettre avant le rendez-vous de Washington la balle dans le camp de Abbas en se demandant s'il est « prêt à avancer en vue d'une paix qui réglera le conflit pour des générations ». Tout en promettant « d'étonner les sceptiques », l pose ses conditions préalables. Soit la «reconnaissance d'Israël par les Palestiniens comme Etat du peuple juif » et « des arrangements garantissant qu'un retrait de Cisjordanie ne sera pas suivi d'attaques à partir des zones évacuées ». Décodé, l'Etat palestinien sera démilitarisé et devra faire le deuil du droit au retour des 4,5 millions de réfugiés palestiniens. Abbas qui a fait longtemps du gel de la colonisation sa grande condition a, sous pression américaine, assoupli sa position. Se fondant sur le principe de l'échange de « la terre contre la paix » prévu par les résolutions de l'ONU et les plans de paix, dont l'initiative arabe et la Feuille de route du Quartette, il annonce tout en espérant reprendre les négociations au point où elles se sont arrêtées avec les précédents cabinets israéliens, « nous nous rendons à ces négociations armés de ces positions et engagements et nous n'en dévierons pas ». Se rendant à Washington, même « s'il y a ne serait-ce que 1% de chance de parvenir à la paix », il prévient que la non-reconduction du moratoire qui s'achève le 26 septembre prochain, entraînera la fin des pourparlers. « Le gouvernement d'Israël assumera l'entière responsabilité du risque d'échec et d'effondrement des négociations si la colonisation continue dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés en 1967 », dit-il après avoir pris note de l'intention de Netanyahu : prolonger le moratoire dans les implantations isolées, mais pas dans les grands blocs qu'Israël compte annexer et éviter toute référence aux accords passés, y compris ceux d'Oslo. Selon la radio militaire israélienne, « plusieurs milliers » de logements ont obtenu les autorisations légales nécessaires et pourraient commencer à être construits dès le 27 septembre dans 57 colonies, y compris dans des implantations isolées et Netanyahu n'a jamais promis une prolongation du moratoire. Outre ces quiproquos qui pourraient faire capoter le rendez-vous de Washington, les deux parties doivent s'entendre sur certains dossiers qui rivalisent de complexité. Comme les frontières du futur Etat palestinien, le statut d'El Qods, le sort des réfugiés palestiniens, le blocus imposé à Gaza, le mur, etc. Faits inhabituels dans les négociations israélo-palestiniennes. Un, Netanyahu qui souhaite rencontrer « deux fois par mois » Abbas après 'ouverture des négociations, sera secondé par des conseillers qui n'auront pas de pouvoir de décision. Deux, des deux côtés, l'optimisme ne règne pas. Hamas qui est au pouvoir à Gaza depuis juin 2007 rejette ces négociations qu'il qualifie de « nouvelle tromperie » en référence à la conférence d'Annapolis, en 2007 aux Etats-Unis, lors de laquelle une paix « au bout d'un an » a été promise aux Palestiniens. Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie d'Israël, partage ce pessimisme. Selon lui, ces discussions sont au mieux « un événement festif, voué à l'échec, comme les précédents ». Est-ce la fin de toute illusion ? Un échec des prochaines négociations pourrait être fatal pour la région et Barack Obama aux élections de mi-mandat de novembre.