De notre envoyée spéciale à Tamanrasset : Nouria Bourihane Cette rencontre « traduit l'intérêt accordé par l'Etat à la nécessité de dépoussiérer l'Histoire », a affirmé Abdelhakim Chater, wali de Tamanrasset, précisant que le front du Sud, mis en place à partir du Mali par Abdelaziz Bouteflika, appelé Abdelkader El Mali, « a œuvré à atteindre les objectifs tracés par la Révolution ». Les trois acteurs ayant travaillé pour la création, la structuration et l'animation de ce front sont Ahmed Draia (Tamanrasset), Abdallah Belhouchet (Adrar) et Mohamed Chérif Messâadia. Les bases militaires et de mobilisation de ce front étaient implantées, entres autres, à Gao, Kidal, Tesseli, Adrar et Tahart. Mohamed Kantari, chercheur historien, est revenu sur le rôle de ce front chargé « d'implanter des bases de préparation et de mobilisation chez les pays voisins, du tracement et de l'officialisation des frontières sud de l'Algérie, de l'acheminement de l'armement après avoir épuisé la possibilité de faire transiter ces armes par l'est et l'ouest, de faire avorter la tentative de séparation et de division du nord algérien de son sud et, enfin, d'empêcher les entreprises étrangères d'exploiter les richesses de l'Algérie ». Dans un documentaire retraçant les étapes de la révolution dans le sud sur la base de photos et d'images d'archives, Abdelaziz Bouteflika, interviewé par Mohamed Kantari lors d'une exposition réalisée en 1990, à Oran, est revenu sur les principaux événements ayant caractérisé cette période. « On a commencé à parler de l'indépendance de l'Algérie lorsqu'on a mis en place ce front », a-t-il indiqué. Le rôle de Frantz Fanon, en tant ambassadeur, dans la mise en place de ce front a été important à travers « la mobilisation de ses contacts au Mali, mais le travail politique et militaire a été assuré par l'ANP », a-t-il ajouté.L'approvisionnement en armes se faisait à partir de la Guinée. « Les premiers armements provenaient de la Guinée. Ces sont des dizaines de tonnes d'armes qui avaient une grande valeur à cette époque », a précisé M. Bouteflika. « Le président guinéen a même donné instruction à tous les soldats guinéens de quitter l'armée française. Le président avait également témoigné du soutien des pays voisins à la révolution algérienne. » Selon lui, le front du sud avait pour mission « de compléter le travail dans les Wilayas V et VI, qui s'étendaient jusqu'au Mali, conformément à la Déclaration de novembre ». « Ceux qui mettent en doute le rôle du front du Sud dans la révolution se trompent grandement. Ces sont les acteurs du Nord qui ont rejoint ce front », a précisé le député Mahmoud Guemama. Les participants ont affirmé la mobilisation des Algériens contre toute attaque étrangère. Ils ont appelé à la nécessité de faire impliquer les gens du Sud, pour leur connaissance de la région, dans la sécurité et la protection des frontières.