Les Israéliens et les Palestiniens ont repris formellement, sous l'égide de l'administration américaine qui comprend «les suspicions de bon nombre de sceptiques en raison de tant d'années de conflit et d'espoirs contrariés» et sait que « ceux qui s'opposent à la cause de la paix tenteront tout ce qui est possible pour saboter ce processus », leurs pourparlers de paix, les premiers depuis 2008. Benyamin Netanyahu et Mahmoud Abbas ont convenu à Washington après un tête-à-tête de 80 minutes de se retrouver les 14 et 15 septembre à Charm El Cheikh en Egypte et toutes « les deux semaines » après pour parvenir d'ici un an à un accord de paix global qui mettra fin au conflit et établira une paix durable pour les Israéliens et les Palestiniens. Contrairement au président palestinien qui s'est rendu à ces pourparlers sous la pression américaine et arabe, sans conditions préalables, le Premier ministre israélien a pu poser les siennes. Primo, la «reconnaissance d'Israël par les Palestiniens comme Etat du peuple juif. Secundo, le règlement final du conflit. Tertio, des arrangements garantissant qu'un retrait de Cisjordanie ne sera pas suivi d'attaques à partir des zones évacuées. Quarto, ne plus faire référence aux frontières d'avant 1967. Quatre conditions qui remettent en cause la délimitation des frontières et les pouvoirs du futur Etat palestinien démilitarisé, - « vivable politiquement et économiquement » pour reprendre l'expression laconique d'Ehud Barak, le ministre israélien de la défense - perpétuent le maintien des colonies en Cisjordanie occupée et à El Qods, rendent impossible le règlement de la question des réfugiés palestiniens de 1948. Ces conditions qui ont été déjà rejetées dans le passé par les négociateurs palestiniens, seront-elles acceptées par Mahmoud Abbas qui a longtemps conditionné toute reprise des discussions par le gel des constructions de colonies en Cisjordanie et le statut d'El Qods-Est ? Signera-t-il un accord où l'Etat palestinien sera amputé de sa capitale ? SelonBarak« ni la vieille ville ni les lieux saints, dont la mosquée d'Al Aqsa, ne reviendront à l'Etat palestinien. Signera-t-il un accord où des pans entiers de la Cisjordanie seront usurpés ? « Seules les colonies sauvages et isolées seront restituées » explique Barak. Signera-t-il un accord déniant leurs droits aux Palestiniens chassés en 1948 et un accord imposant un Etat palestinien démilitarisé ? QUE VEUT OBAMA ? Le président américain Obama pense-t-il réussir d'ici un an, là où tous ses prédécesseurs ont échoué depuis soixante ans ? Ignore-t-il le manque d'enthousiasme de Netanyahu à progresser dans les discussions qui pourraient être interrompus, soit par un attentat, soit par une reprise des colonisations ? Probablement pas. Tout comme il n'ignore pas que le voyage à Washington du président palestinien est une mission redoutable pour l'Autorité palestinienne et le Fatah. Affaiblis par le clivage entre ses concitoyens, - territorialement, politiquement et administrativement entre la Cisjordanie et Gaza, sous blocus - Abbas qui manque de légitimité depuis deux et les deux institutions pourraient voir leur image entachée dès le 27 septembre ou bien avant si les 13 groupes armés palestiniens lancent leurs opérations militaires contre Israël ou les colons juifs du Conseil Yesha proclament la fin du « gel » des constructions. Selon des analystes, si ces négociations devaient se conclure par un nouvel échec, Abbas en paierait le prix fort. «Les quatre prochaines semaines seront cruciales (...) soit il y aura des progrès, soit nous reviendrons encore à la case départ », prévient Mahmoud Abbas, faisant référence au moratoire de 10 mois sur la colonisation qui expire le 26 septembre.« Sans arrêt de la colonisation, nous ne pourrons pas continuer dans les négociations », reconnaît Nabil Chaath, un proche de Mahmoud Abbas qui souhaite aussi la lavée du blocus imposé à Gaza. Netanyahu n'aurait aucune intention de le prolonger. Dans les faits, Israël se prépare déjà à cette levée. « Plusieurs milliers » de logements qui ont obtenu les autorisations nécessaires pourraient commencer à être construits dès... le 27 septembre dans 57 colonies, annonce la radio militaire israélienne. Ni de céder sur la partie arabe occupée depuis juin 1967 d'El Qods dont les Palestiniens entendent faire leur capitale. « Elle est et restera la capitale indivisible d'Israël », affirme l'entourage de Netanyahu démentant ainsi Ehud Barak qui a laissé croire un moment qu'elle pourrait revenir aux Palestiniens. Dont certains demandent l'intégration dans un seul Etat, avec les mêmes droits civiques.