Les unités de la Gendarmerie nationale ont saisi, depuis le début de l'année en cours, plus de 106 tonnes de kif traité. Un record jamais égalé depuis l'indépendance. Près de 80% des prises ont été effectuées par les groupements des gardes-frontières (GGF) au niveau des frontières ouest et sud-ouest, notamment à Tlemcen, Naâma, Tindouf et Béchar. Le directeur de la sécurité publique du commandement de la GN, le colonel Mohamed Tahar Benaâmane, a expliqué, hier, à Horizons, que les opérations menées avec succès par les différentes unités de la GN sont le fruit des dispositifs sécuritaires étudiés, renforcés, adaptés et mis à jour. « Le commandement de la GN a procédé au redéploiement et à la réorganisation des unités opérationnelles, à la réadaptation des dispositifs de lutte et au renforcement du travail du renseignement, ce qui a permis d'intercepter les convois et de saisir la marchandise », a précisé le DSP. Selon lui, cette quantité était destinée à être acheminée vers les pays du Moyen-Orient et de l'Europe. « Les grandes quantités saisies ne pouvaient en aucun cas être destinées à la consommation locale qui ne dépasse pas les 400 kg par an », a précisé l'officier supérieur. « Grâce au travail de profilage effectué par les experts de l'Institut national de la criminalistique et de criminologie de la gendarmerie, les enquêteurs ont pu remonter les filières de la résine de cannabis sur la base de données scientifiques », a-t-il affirmé. Interrogé sur les tentatives récurrentes d'introduction de quantités importantes de drogue malgré le dispositif déployé aux frontières, le directeur de la sécurité publique de la GN explique qu'il existe « une volonté délibérée de la part de nos voisins d'acheminer le kif traité vers l'Algérie ». Selon un rapport récent de l'Office des Nations unies pour la drogue et le crime (ONUDC), le Maroc est le principal producteur et fournisseur mondial de haschisch (résine de cannabis) et pourvoyeur de l'Europe en cette drogue. La surface des champs réservée au cannabis au Maroc est la plus importante au monde avec 47.500 ha. « L'Algérie constitue un pays de transit privilégié vu sa situation stratégique. Il y a un encouragement de la part de nos voisins pour faire passer la drogue par l'Algérie et l'acheminer vers le Moyen-Orient », a tenu à préciser le responsable de la GN. Des trafiquants dotés d'armes de guerre Sur la question liée au renforcement du dispositif à l'approche du Nouvel An, le colonel Tahar Benaâmane a souligné que les services de la GN mènent une lutte implacable aux narcotrafiquants. « Certes, chaque occasion est propice pour faire passer de la drogue mais aussi des psychotropes en provenance du Mali. La vigilance est de mise dans notre combat surtout avec le recours des narcotrafiquants aux armes de guerre. Nous avons enregistré des accrochages qui se sont soldés par la neutralisation des narcotrafiquants et la saisie de leurs armes et de la marchandise », a indiqué l'officier supérieur. Ainsi, entre 2011 et 2012, les GGF ont déjoué onze tentatives d'introduction de kif dans les régions d'Adrar, Béchar et Tindouf. Les éléments de la GN sont quotidiennement sensibilisés et le dispositif inspecté, a fait savoir le colonel Benaâmane. Par ailleurs, le commandement de la GN travaille actuellement sur la mise en place d'une banque de données sur les narcotrafiquants accessible à Interpol et à tous les services de sécurité en Algérie.