Les Africains, qui « subissent » 60% des crises dans le monde, veulent parler d'une seule voix au Conseil de sécurité de l'ONU où ils ne représentent que 20% et de surcroît non permanents. Réunis depuis hier à Alger, ils ambitionnent aussi de créer une nouvelle dynamique sur la scène internationale pour s'approprier les questions qui concernent le continent et coordonner leurs actions. C'est dans cette perspective qu'un séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique a été organisé, hier, à Alger au siège du ministère des Affaires étrangères avec des représentants des pays du continent qui siègent dans l'instance suprême des Nations unies (Rwanda) ou s'apprêtent à le faire dès janvier prochain (Nigeria, Tchad). Lors de cette rencontre de trois jours initiée par l'Algérie — plus soucieuse que jamais de la nécessité de consolider l'action des Africains pour marquer les 50 ans de la création de l'OUA/UA et d'honorer Mandela qui incarne les vertus de tout un continent—, les participants devraient partager leurs expériences, élaborer une vision commune sur les défis à la paix et à la sécurité, réfléchir à une interaction plus étroite entre le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine et le Conseil de sécurité et codifier une réunion annuelle entre les Africains qui siègent au Conseil de sécurité et le Conseil de la paix et de sécurité dans la capitale africaine. « Notre unité doit résister à toutes les pressions des puissances du monde qui tendent à nous diviser », a déclaré Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères. « Il faut que l'Afrique du XXIe siècle qui doit être maîtresse de son destin, et cela doit être plus qu'un slogan, défende ses intérêts. » « Des milliards de dollars sont investis annuellement dans les tâches de maintien de la paix », a indiqué Lamtane Lamamra, le chef de la diplomatie algérienne, estimant que ces sommes seraient plus efficaces si elles étaient investies dans le développement. Et comme cette réunion, qui se tient au lendemain du sommet de l'élysée qui a quasiment décidé de la création d'une force de réaction rapide pour « gérer » les conflits en Afrique, pratiquement tous les intervenants ont salué cette force si celle-ci devait recevoir le soutien des Nations unies et si les « permanents » de l'ONU laissaient aux Africains la maîtrise des résolutions portant sur le continent où interviennent les deux tiers des Casques bleus. Outre les crises et les conflits, ce séminaire abordera la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la problématique des relations entre le continent et la Cour pénale internationale à la lumière des recommandations du sommet extraordinaire de l'UA qui s'est tenu le 12 octobre dernier à Addis-Abeba. Khalida Toumi et Abdelkader Messahel, respectivement ministre de la Culture et de la Communication, ont assisté à l'ouverture de ce séminaire. Des responsables de la Commission de l'UA, des membres de l'institut des Nations unies pour la formation et la recherche y étaient également présents.