Pleurs, danses et chants. L'arc-en-ciel jaillit, scintillant le visage toujours souriant de Mandela dans son Soweto libéré, appartenant à tous les Sud-Africains. Difficile de fixer l'image du cercueil de Madiba dans l'immensité du stade de Soweto, territoire jadis incertain de ce Mandela recherché et chassé comme un dangereux « fauteur de troubles », aujourd'hui esplanade géante accueillant plus d'une centaine de chefs d'Etat, têtes couronnées, célébrités et organisations internationales. Du jamais vu. Aujourd'hui, Mandela a le statut de Président du monde, rétorque un de mes confrères qui s'est penché pour lire le début de ce papier. Rebelle, prisonnier, Président ou mort, Rolihlahla (son prénom qui veut dire « fauteur de troubles ») illuminera le panthéon de l'humanité. Qualifié de « terroriste », Mandela achève sa vie en héros du siècle. De la justice. De celui qui a donné la pleine dimension au sens du pardon. Ils seront tous à Soweto face à celui qui s'apprête au sommeil du juste. Ils seront tous là. Les proches, les amis, mais aussi ceux auxquels il (Mandela) s'est imposé par le combat, la méthode, les idées et le ...sourire. Par la sincérité. Par l'exception de cet homme qui dès l'université s'était indigné en remarquant que sa tasse de thé était « laide » alors que celles des étudiants blancs étaient « spéciales ». Dès lors, l'homme du combat naîtra et ne reculera point, même avec le statut de forçat, 27 ans durant. Mandela a mûri après avoir « été le fruit de l'indignation », décidant à désobéir face à l'injustice. L'ardent défenseur de la liberté, et qui a triomphé, est, ce matin, à Soweto, salué. Vénéré, comme un dieu même par ceux qui ont soutenu l'apartheid. Mandela revient à Soweto pour un adieu au monde. Soweto, un no man's land où émergent les terrils (mines d'or) qui ont fait l'opulence des Blancs et la misère des Noirs. Grave oxymore, que seul Mandela a su réajuster. Soweto, cette contrée creuset de la révolte noire, rassemble toute la communauté surtout depuis la construction de l'immense stade durant le mandat présidentiel de Madiba. Une œuvre (le stade) grandiose. Par prémonition, cette calebasse colorée accueille aujourd'hui celui qui a en décidé la construction, le Mandela du monde. Le Madiba qui avait décidé d'être aussi fils de l'Algérie.