Venant des quatre coins du monde, des dizaines de dirigeants ont convergé depuis dimanche vers l'Afrique du Sud, capitale du monde pour une semaine depuis la disparition de Nelson Mandela. Ils sont au moins soixante-dix chefs d'Etat et de gouvernement à rendre un dernier hommage à un homme dont les valeurs et le combat sont salués quasiment d'une seule voix par toute la planète. Madiba, qui a brisé l'apartheid comme les pierres qu'il avait cassées durant vingt-sept années sur l'île-bagne de Robben-Island, est plus qu'une icône africaine. Dans l'histoire contemporaine du monde, il est presque impossible de trouver une personne douée de son engagement pour les libertés humaines et l'abolition du racisme et des inégalités, et, bien entendu, son combat pour la tolérance, le respect des uns par les autres et leur cohabitation en bonne intelligence dans une paix nourricière. Son dévouement, ses qualités, sa sagesse et sa modestie ont en fait ce héros mondial que pleurent même ses ennemis. Les soixante-dix dirigeants du monde prennent part aujourd'hui à la cérémonie d'hommages officielle au stade Soccer City à Johannesburg, à partir de 10h. C'est ici que Madiba avait fait sa dernière apparition publique, mais le stade est aussi un lieu chargé de symboles. Proche de Soweto, la caricature de l'apartheid, du racisme et de l'exploitation humaine, le stade de Soccer City rappelle également que les combats nationaux de Madiba ne sont pas clos. Les Noirs sont certes libérés mais la société "Arc en ciel" dont il avait posé les jalons est loin d'être édifiée. Le racisme a été aboli, reste la précarité des Noirs, leur exclusion des richesses de l'Afrique du Sud. Il n'y a pas encore la liste complète des chefs d'Etat ou de gouvernement qui devraient assister au cérémonial de Soweto où le corps de Madiba ne sera pas exposé. Le dalaï-lama, malgré sa rencontre avec Madiba, n'assistera pas à ces événements, il s'est vu refuser deux fois un visa pour l'Afrique du Sud ces dernières années. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé lui aussi de renoncer de participer aux funérailles à cause du coût du voyage en Afrique du Sud, rapportent les médias israéliens ! En réalité, "Bibi", qui pratique l'apartheid contre les Palestiniens, ne peut pas se recueillir sur le corps de celui qui l'a aboli en Afrique du Sud. En outre, il sait qu'il est honni par la communauté internationale et que mêmes les chefs d'Etats occidentaux rechignent aujourd'hui à s'exposer avec ce bourreau des Palestiniens. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est présent, Madiba avait à cœur la cause palestinienne. Les chefs d'Etat américain Barack Obama, brésilien Dilma Roussef et français François Hollande, ainsi que le Premier ministre britannique David Cameron ont, en revanche, confirmé leur présence. Comme la plupart des présidents africains dont l'hommage le plus marquant serait qu'ils adoptent comme Madiba un modèle de gouvernance, et pour commencer, à mettre fin à leur pouvoir illimité et sans fin. La chancelière allemande Angela Merkel ne sera pas du voyage, trop occupée à fignoler son gouvernement après deux mois de tractations, mais le président Joachim Gauck est présent. La présence de Hassan Rohani a été annoncée, le président iranien est devenu fréquentable des Occidentaux depuis l'accord conclu sur le nucléaire et le rapprochement timide, mais inédit, depuis 1978, avec les Etats-Unis. Le chef d'Etat indien, Pranab Mukherjee, ainsi que tous ses homologues des pays en passe de rejoindre les nations développées seront là. Le président cubain Raul Castro se rendra quant à lui en Afrique du Sud le 15 décembre. Plusieurs têtes couronnées sont également présentes, comme le roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, et le prince Felipe d'Espagne. Âgée de 87 ans, la reine Elizabeth II de Grande-Bretagne n'a pas fait le voyage. Elle sera représentée, le 15 décembre, lors de la mise en terre de Madiba par son fils et héritier le prince Charles. Côté organisations internationales, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon figure au nombre des participants, tout comme les présidents des Commissions africaine et européenne. D'autres pays sont représentés par leurs premiers ministres. Outre les responsables en exercice, d'anciens chefs d'Etat ont fait le voyage : les Américains Jimmy Carter, George W. Bush et Bill Clinton, le Français Nicolas Sarkozy, le Brésilien Lula. Après l'hommage solennel de ce mardi, la dépouille mortelle de Madiba sera exposée trois jours de suite à Pretoria, siège du gouvernement. Elle sera transférée samedi vers le petit village de Qunu, dans le sud rural du pays, la terre des ancêtres de Mandela. C'est là qu'il avait souhaité être enterré. D. B Nom Adresse email