Le bilan est lourd : les combats opposant les deux factions rivales de l'armée sud-soudanaise au lendemain du coup d'Etat manqué, dimanche, contre le président Salva Kiir ont fait entre 400 et 500 morts, 800 blessés et quelque 15.000 habitants de la capitale sud-soudanaise qui ont trouvé refuge dans les bases de l'ONU à Juba. Malgré les assurances du gouvernement qui affirme avoir la situation sous « contrôle total » après l'instauration du couvre-feu, des tirs et des détonations avaient repris mardi. Le gouvernement a annoncé l'arrestation de dix personnalités politiques (dont huit anciens ministres du gouvernement limogé en juillet) « en rapport avec le coup d'Etat déjoué ». Le sort de l'ancien vice-président Riek Machar, accusé par le chef d'Etat sud-soudanais d'être derrière la tentative de putsch, n'est toujours pas connu. Selon les autorités, il est « en fuite ». Il est recherché, tout comme quatre autres importantes figures politiques sud-soudanaises. Mais Riek Machar est réapparu, hier, dans un entretien au site indépendant Sudan Tribune. « Il n'y a pas eu de coup d'Etat. Ce qui s'est passé à Juba est un malentendu entre membres de la garde présidentielle, au sein de leur unité. Ce n'était pas une tentative de coup d'Etat. Je n'ai aucun lien ou connaissance d'une quelconque tentative de coup d'Etat », a-t-il affirmé, en sa qualité de vice-président du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM). Des observateurs ont émis, hier, des doutes sur la réalité de la tentative de coup d'Etat invoquée par le président Kiir, y voyant un possible prétexte pour se débarrasser de son rival de longue date qui avait ouvertement fait part de son intention de se présenter contre le chef de l'Etat à la présidentielle de 2015. « Nous continuons d'assembler les différents éléments et morceaux d'information, il est donc un peu prématuré de dire exactement ce qui a déclenché les violences », a déclaré l'envoyé spécial des Etats-Unis au Soudan et au Soudan du Sud, Donald Booth. Craignant l'enlisement de la situation, le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté, au cours d'une réunion urgente avec le SG adjoint aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, Hervé Ladsous, toutes les parties à « mettre fin immédiatement aux hostilités » et à faire preuve de retenue afin « de prévenir toute violence » dans le plus jeune pays du monde. Le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, demande, dans une conversation téléphonique, au président sud-soudanais de faire « une offre de dialogue » en direction de ses opposants pour mettre un terme aux combats. « Il a dit compter sur le président pour qu'il exerce son leadership et rétablisse la discipline au sein des rangs de l'armée pour mettre un terme aux combats », a fait savoir le porte-parole de M. Ban, Martin Nesirky.