Timidement certes mais l'amélioration est visible dès qu'on franchit le seuil de la porte des urgences de l'hôpital Mustapha-Pacha. Le brouhaha habituel qui régnait en maître des lieux n'est apparemment qu'un mauvais souvenir. C'est du moins ce que nous avons constaté lors de notre visite le mercredi 6 novembre 2013. Il est 10 h. L'ancien pavillon des urgences de l'hôpital Mustapha-Pacha enregistre un va-et-vient incessant des malades. Deux ambulances sont garées à l'entrée du pavillon. Des fracturés, des malades souffrant de différents maux se présentent aux urgences médicales généralement accompagnés de leurs proches. D'emblée, ils sont orientés par l'agent de sécurité — qui scrute chaque visiteur — vers le bureau d'accueil et d'information où deux agents veillent scrupuleusement à leur prise en charge. Quelques questions préliminaires sur son identité, d'où il vient et de quoi il souffre dans le but de l'orienter vers le box indiqué sont nécessaires avant qu'il s'acquitte des droits de consultation soit 100 dinars. Les bébés, les enfants de moins de 6 ans et les personnes âgées de plus de 70 ans sont exempts de ce ticket. Même les chômeurs ne sont pas renvoyés et sont pris en charge gracieusement. Selon ses déclarations ou celles de son accompagnateur, le malade est orienté selon le cas vers l'un des deux box de consultation médicale, le service orthopédie ou encore la radiologie et la cardiologie. Une fiche de couleur rose ou jaune est remise au malade où sont mentionnés son nom, son prénom, son âge et un numéro correspondant à l'ordre chronologique de son arrivée. Les cas graves, les bébés et les personnes âgées sont prioritaires et sont pris en charge sans avoir à attendre leur tour. Les services spécialisés qui se trouvent au sein même du pavillon des urgences sont conçus pour faciliter la prise en charge du malade souffrant de cardiopathie, de fracture, et dans le cas où le cas nécessite une exploration approfondie, la radiologie est à proximité. Là encore, il devra payer 100 dinars. La salle d'attente n'est pas archicomble comme d'habitude. La sérénité se fait sentir dans ce pavillon. Des chaises sont aménagées au fond de la salle, mais les malades qui s'y installent ne sont pas nombreux, préférant faire la queue devant le bureau du médecin de crainte de perdre leur place, en l'absence de l'agent de service chargé de les faire entrer chez le médecin. C'est ce qu'ont affirmé les patients massés devant la porte du box médical. L'impatience semble être une seconde nature chez l'Algérien. Une mauvaise organisation semble, néanmoins, régner dans ce pavillon. Malgré le manque de moyens Les malades et leurs accompagnateurs s'attroupent devant le box médical gênant le passage du personnel soignant et des malades se trouvant dans un état grave. Les brancards ne sont pas disponibles au niveau de la salle des urgences, certains malades sont portés par leurs parents comme cette jeune fille dont le pied et le genou sont plâtrés. Il aura fallu deux hommes pour la transporter jusqu'au service orthopédie. « Que voulez-vous qu'on fasse, nous sommes habitués à cette situation et à chaque fois qu'on revendique un service on nous rétorque : où vous croyez-vous, vous êtes en Algérie ! », regrette le père de la jeune fille. Le manque de brancardiers pousse les agents de sécurité à assister les malades et autres blessés alors que cette tâche ne relève pas de leur mission. « Nous avons des civières, mais l'agent de service ne les remet pas à leur place. Elles sont éparpillées quelque part », avoue l'agent de sécurité. « Des lacunes persistent telles que la lenteur du service, les rendez-vous trop longs, mais les agents de sécurité sont affables et cela est en soi une bonne chose », affirme une malade se plaignant de douleurs abdominales. Tous les malades apostrophés se disent « plus ou moins satisfaits des prestations de services ». « C'est mieux qu'avant, au moins au niveau de l'accueil. L'agent est aimable, il m'a orientée vers le box numéro 1 et là j'attends depuis plus d'une heure. D'autres malades sont entrés directement parce que leur cas est plus grave, nous a-ton dit », explique une patiente souffrant de maux de tête et d'éternuements. Un autre malade dira : « Le médecin ne m'a prescrit aucun médicament, il m'a orienté vers les urgences du service ORL parce qu'il ne sait pas s'il s'agit d'une sinusite ou d'autre chose ». Le malade a pu accéder facilement et en un temps rapide, « il n'y avait pas beaucoup de monde, j'ai pu voir le médecin des urgences ORL qui m'a prescrit des médicaments », atteste-t-il. Le nouveau service des urgences sis à proximité de l'ancien accueille principalement les accidentés de la route et autres selon les deux agents de sécurité postés à l'entrée du pavillon qui nous ont empêchés d'y accéder. D'après le parent d'un malade rencontré à l'entrée du pavillon, « tout s'est déroulé normalement et l'équipe médicale s'occupe de sa prise en charge », a-t-il affirmé. A la maternité, le service des urgences fonctionne normalement selon les malades rencontrés sur place. « Aucune femme venue en urgence n'est renvoyée surtout quand il s'agit d'une grossesse à risque ou d'une menace d'avortement », affirme le chef du service paramédical. En effet, tout semble marcher comme sur des roulettes. A l'entrée du service, l'agent de sécurité vous oriente vers le service concerné. On n'est pas admise en consultations si on n'est pas muni d'une lettre ou d'un rendez-vous. Seuls les urgences et les accouchements sont acceptés. Les malades venues pour une consultation ordinaire sont orientées vers la clinique Naïma de Belouizdad. Un jeune homme, le dossier de sa femme qui venait d'accoucher et le formulaire de sortie en main, dira que « toutes les formalités administratives se sont déroulées normalement » et qu'il n'attendait que « la signature du médecin » pour faire sortir son épouse. De l'avis des malades et des citoyens rencontrés sur place, le service public « commence à connaître un léger mieux ». 13 h 30. C'est l'heure de la visite. Une employée en blouse blanche se démenait dans tous les sens pour porter assistance à une parturiente ayant accouché par césarienne et dont l'état de santé a périclité. « Sortez, s'il vous plaît, nous essayons de sauver la vie d'une malade », criait-elle en direction des visiteurs.