« Nous sommes prêts », a déclaré le porte-parole des rebelles, Moses Ruai Lat. Dans un climat de tensions accrues qui ont fait peser les plus grandes incertitudes sur les pourparlers de paix, exigés avec force par la communauté internationale et placés sous l'égide de l'Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l'Est), le ralliement du camp de l'ancien vice-président, Riek Machar, a permis de renouer avec l'espoir d'un règlement négocié de la crise qui frappe, depuis le 15 décembre dernier, le jeune Etat du Soudan du Sud, porteur d'idéaux de changement démocratique et d'un avenir meilleur. Mais, en attente de l'avion de l'Igad qui doit transporter les délégations, les préparatifs ont été entamés, dès mardi, le jour-même de l'expiration de l'ultimatum. Dans les rangs de la rébellion, la participation de Mabior Garang, en remplacement de sa mère Rebecca, la veuve de John Garang, considérée comme une femme politique respectée et influente de l'ethnie Dinka, proche de Salva Kiir, traduit une volonté de rupture avec l'engrenage ethnique. La présence des représentants de Riek Machar à Addis-Abeba atteste d'un nouvel état d'esprit qui n'exclut plus la voie de la négociation. Il a indiqué qu'il pourrait même se rendre lui-même dans la capitale éthiopienne « une fois que les négociations auront débouché sur un cessez-le-feu ». « Prêt » aux pourparlers, a lancé Moses Ruai Lat, dans la matinée d'hier. Sur le départ, le porte-parole du gouvernement sud-soudanais, Michael Makuei, confirme sa présence. Attendues, hier, à Addis-Abeba, les deux parties vont, cependant, entamer les négociations, aujourd'hui, selon un porte-parole du gouvernement éthiopien, Redwan Hussein. Qualifié de « premier pas important » par les Etats-Unis, le retour à la table des négociations prévoit un agenda identifiant clairement les priorités. Selon l'Igad, elles porteront dans un premier temps sur la mise en œuvre d'un cessez-le-feu, et, ensuite, sur les différends politiques qui ont « conduit à la confrontation actuelle ». La représentante des Nations unies, Hilde Johnson, s'est réjouie de l'envoi des délégations jugé en soi « positif » et appelant à la consolidation d'un processus « plus profond qui se concentre sur la réconciliation nationale entre les communautés ». Au cœur de la crise : l'exercice du pouvoir virant à la dérive communautaire. Par-delà l'accord de principe scellant la volonté des belligérants de mettre fin aux hostilités, les divergences de fond persistent. Elles caractérisent le refus de partage du pouvoir exprimé par Juba et le rejet par Riek Machar de tout dialogue avant la démission de la présidence de son rival. Autre point d'achoppement : le dossier des détenus érigé en préalable par Riek Machar et voué au traitement judiciaire par le président Kiir. La crispation traduit le bras de fer qui se poursuit sur le terrain des opérations. Pour la troisième fois depuis le déclenchement de la crise, la ville stratégique de Bor, capitale de l'Etat de Jonglei (est), tombée entre les mains des rebelles qui veulent désormais marcher sur Juba. Dans un conflit qui a fait des milliers de morts et au moins 180.000 déplacés, les espoirs de stabilité et de paix du jeune Etat ont été laminés par la guerre de leadership. Au banc des accusés, le Soudan du Sud est confronté aux massacres de masse et aux pires « atrocités » commises à Juba, Bor mais aussi à Malakal, capitale de l'Etat du Haut-Nil (nord-est) par les deux camps, dénoncées par la représentante de l'ONU, évoquant l'éventualité d'une enquête. L'Union africaine s'est déclarée consternée et déçue « de voir la plus jeune nation du continent descendre si vite dans l'abysse de conflits internes », tout en mettant en garde contre le risque d'une « guerre civile totale aux lourdes conséquences pour la paix, la sécurité et la stabilité régionales ». Des « sanctions ciblées » ont été envisagées par le Conseil de sécurité de l'UA contre tous ceux qui « inciteraient à la violence, y compris les clivages ethniques », « poursuivraient les hostilités » ou « commettraient des actes de violence contre les civils et les combattants désarmés ». Tolérance zéro pour le nouveau-né de l'Afrique ?