Rien ne semble plus aller entre les syndicats autonomes et le ministère de l'Education nationale. La dernière rencontre, qui s'est tenue le 29 décembre dernier, s'est soldée par un échec. Pourtant, rien ne présageait un tel scénario. Les syndicats étaient enthousiastes à l'annonce du rendez-vous par le premier responsable de secteur. Aujourd'hui, c'est le retour à la case départ. D'un côté, les syndicats mettent en avant leurs revendications, insistant sur le fait que le département de Baba-Ahmed n'ait pas tenu ses engagements, notamment ceux pris le 21 octobre dernier, et de l'autre, le ministère qui souligne que toutes les doléances sont satisfaites. Pour le ministère de l'Education, les syndicats font du « marketing ». « Ils sont en train de jouer un jeu dangereux », nous dit-on. Le ministère de l'Education dira que la solution ne dépend pas de lui seul. « C'est aussi l'affaire des ministères des Finances, de la Santé, du Travail », précise le même département. C'est ainsi qu'il a mis en relief les mesures prises jusque-là au profit des travailleurs de l'Education. L'on cite, particulièrement, l'affectation d'un quota de logements sociaux à leur profit dans 14 wilayas, notamment dans le Sud et les Hauts-Plateaux, et la réception prochaine de locaux devant abriter des unités de la médecine du travail. En outre, la tutelle relève la toute dernière instruction adressée aux directeurs de l'éducation de libérer des locaux pour les syndicats qui ne disposent pas de sièges. Il est aussi question de la formation de plus de 20.000 maîtres d'école primaire et de 30.000 professeurs d'enseignement fondamental. « Il n'y a rien de concret » Le président de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (UNPEF) parle de « fuite en avant » de la tutelle pour ce qui est de la prise en charge « concrète » des revendications. Il n'arrive pas à comprendre la non-satisfaction de la revendication relative à la promotion des enseignants du cycle primaire ayant une expérience de 10 ans au rang de professeur principal et ceux ayant 20 ans d'expérience au statut de professeur formateur. Il en est de même pour le corps des intendants qui réclament la prime pédagogique et les directeurs des établissements, celle de la responsabilité. L'Unpef réunira son conseil national, jeudi prochain, pour décider de l'action à entreprendre. Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) abonde dans le même sens, soutenant qu'« il n'y a rien eu de concret ». Meziane Meriane avance que le ministre a donné des réponses « évasives » sur la situation des enseignants des lycées techniques (PTLT). Ces derniers réclament leur intégration dans la catégorie de base du corps des professeurs de l'enseignement secondaire, leur promotion automatique dans les catégories nouvellement créées, notamment 10 ans d'ancienneté pour le professeur principal et 20 ans d'ancienneté pour le professeur formateur. En outre, le Snapest évoque la nécessité de calculer la prime du Sud sur le nouveau salaire de base et non sur l'ancien, sans oublier la revalorisation des heures supplémentaires. « Le ministre nous a affirmé que certains dossiers dépassent les prérogatives de son département », déplore-t-il. Le syndicat tiendra prochainement son conseil national pour débattre de la situation et décider de l'action à entreprendre. De son côté, le chargé de communication du Cnapest, Messaoud Boudiba, fait part au moins de quatre points sur lesquels il est en désaccord avec la tutelle. Il s'agit de l'engagement, non tenu, du ministère de permettre aux syndicats de prendre part à la tripartite (syndicats, ministère de tutelle et Direction générale de la Fonction publique). Le deuxième point est relatif à la non-installation d'une commission mixte (ministères de l'Education et de la Santé, syndicats) pour enrichir les dispositions ayant trait au dossier de la médecine du travail. Le troisième point concerne le dossier du logement, toujours en instance. Enfin, le Cnapest ne comprend pas les réticences du ministère quant à la prise en charge des erreurs commises dans le statut particulier dans son volet relatif à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs. Le conseil national du Cnapest se tiendra le 11 janvier prochain. Le retour à la protestation est « plus que jamais envisagé », a annoncé le chargé de communication du Cnapest.