Une année après, le Mali a peut-être retrouvé une certaine stabilité politique, mais pas son intégrité territoriale. Le MNLA, le Mouvement national de libération de l'Azawad, a repris pied à Kidaloù il parade en toute impunité. La France a décidé, conformément à un nouvel accord de coopération militaire qu'elle s'apprête à signer le 20 de ce mois avec Bamako, de maintenir à partir du printemps 2014, au moins pour plusieurs années, mille soldats au Mali et de construire une base à Tessalit. « Nous sommes en phase de réorganisation, de régionalisation de notre présence dans cette partie de l'Afrique », reconnaît le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Certes la situation dans laquelle se trouve le Mali aujourd'hui est meilleure que celle qui prévalait il y a un an. Ibrahim Boubacar Keïta, surnommé IBK, a été élu président de la République le 11 août dernier. Cet acte, qui a rétabli la légalité constitutionnelle interrompue le 22 mars 2013 par le coup d'Etat militaire, a été salué par les observateurs internationaux. En novembre-décembre, des législatives voulues « libres et transparentes » ont eu lieu. IBK et son gouvernement doivent réussir deux paris : remettre sur les rails une économie ravagée par deux années de crise et réussir une réconciliation avec la rébellion. Mais pour les Maliens, la France est responsable de l'anarchie qui règne à Kidal. « Si la sécurité est en partie rétablie dans les régions de Tombouctou et Gao, même s'il y a encore des activités terroristes sporadiques, Kidal est en passe de venir une zone de non-droit », estiment les connaisseurs du Sahel. « La menace d'attentats demeure », affirme Souleymane Drabo, un analyste politique. De l'avis de plusieurs experts, les groupes terroristes qui auraient perdu quelque 400 éléments au Mali, se sont désormais repliés dans le Sud libyen et le Nord du Niger. Aminata Traoré, la militante altermondialist,e et Boubacar Boris Diop, l'écrivain sénégalais, s'interrogent dans « La Gloire des imposteurs : lettres sur le Mali et l'Afrique » (éditions Philippe Rey), sur les responsables du naufrage malien. S'insurgeant contre « la lecture purement militaire de la crise » adoptée par la France, ils pointent du doigt la guerre en Libye menée par Sarkozy. Pour eux, c'est cette guerre d'abord et les politiques libérales imposées par le FMI ensuite qui ont déstabilisé le Sahel. D'autres intellectuels, comme Nicolas Beau et des ONG Survie vont plus loin. Pour eux, l'action de la France s'apparente à une mise sous tutelle du Mali. Autrement dit, les Français sont intervenus pour défendre surtout leurs intérêts géopolitiques, pétroliers et miniers.