Quelque 6,5 millions d'électeurs maliens sont attendus dimanche aux urnes pour choisir 147 députés sur près de 480 listes de candidats lors d'élections législatives, trois mois après la présidentielle et ce dans le cadre du retour à la légalité constitutionnelle au Mali, un pays en proie à une instabilité dans le Nord. Ces législatives qui interviennent trois mois après la tenue de la présidentielle, se dérouleront les 24 novembre et le 15 décembre. Annoncées au départ en même temps que le premier tour de la présidentielle de juillet dernier, elles ont été reportées après avoir initialement prévues en juillet 2012 avant d'être reportées suite au Coup d'Etat du 21 mars. Les servies de la direction générale des élections (DGE) affirment que tout est fin prêt pour le scrutin législatif, les bulletins sont au niveau des districts et les listes affichées sur les bureaux de vote. "Nous sommes tout à fait prêts. Nous sommes en train de mettre un dispositif qui permettra aux électeurs de pouvoir connaître leur lieu de vote notamment, le système de consultation par SMS", a affirmé le général Sangaré qui dirige la DGE. Législatives sur fond d'instabilité dans le Nord Trois mois après la présidentielle, les élections législatives au Mali doivent parachever le retour à la légalité constitutionnelle dans un pays toujours fragilisé par le putsch de mars 2012 et la persistance d'une activité terroriste dans le nord du pays. Après une accalmie de plusieurs mois, les groupes terroristes qui ont occupé totalement le Nord pendant neuf mois en 2012 avant d'en être en partie chassés par une intervention armée internationale en janvier et toujours en cours, ont repris leurs attaques meurtrières le 28 septembre. Depuis, une dizaine de civils et de militaires maliens et tchadiens membres de la mission de l'ONU au Mali (Minusma) ont été tués dans ces attaques à Gao, Tombouctou et Kidal. L'incertitude demeure quant à la tenue du scrutin à Kidal, berceau des insurgés où règne l'anarchie malgré la présence des forces maliennes, françaises, et de la Minusma. Quatre sièges sont à pourvoir dans la région : Kidal, Tessalit, Abéïbara et Tinessako. Mais aucun candidat n'y a vraiment mené campagne, encore moins les leaders des grands partis politiques qui ont évité de s'y rendre depuis Bamako. Presque tous les candidats sont des Touareg membres du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), un groupement de notables qui, au côté du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) a signé en juin des accords avec Bamako pour permettre la tenue de la présidentielle, puis de pourparlers de paix. Une campagne peu mobilisatrice La campagne électorale de trois semaines qui s'est achevée vendredi a peu mobilisé, ce qui pourrait entraîner une baisse du taux de participation par rapport à la présidentielle de juillet/août. Il avait alors tourné autour de 50%, un taux exceptionnel au Mali. La présidentielle avait été largement remportée au second tour, le 11 août, par Ibrahim Boubacar Keïta (dit IBK), face à Soumaïla Cissé qui avait reconnu sa défaite avant même la publication des résultats officiels. L'objectif du parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali (RPM), est de donner au chef de l'Etat "une majorité confortable" à l'Assemblée nationale pour lui permettre de mener à bien sa difficile mission de redressement du pays, selon un responsable du RPM, Moussa Diakité. Mais, selon Mamadou Samaké, sociologue à Bamako, "il sera difficile, voire impossible à un seul parti politique d'obtenir la majorité" et le RPM pourrait être obligé de devoir s'allier avec d'autres, en particulier avec l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma). Mobilisation onusienne, européenne et africaine Le scrutin de dimanche sera surveillé par des centaines d'observateurs nationaux et internationaux, dont ceux de l'Union européenne. Un second tour est prévu le 15 décembre si nécessaire. Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU au Mali, Bert Koenders, a appelé à la tenue d'élections législatives pacifiques et à favoriser la participation des femmes. Pour sa part, le chef de la mission d'observation de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) pour les législatives au Mali, Amos Sawyer, a appelé à un scrutin pacifique pour consolider les progrès en vue du rétablissement de l'ordre constitutionnel et de l'intégrité territoriale du pays. L'ancien président du gouvernement d'union nationale intérimaire du Liberia, qui se trouve à Bamako, a exhorté les partis politiques maliens, l'électorat et les autres parties prenantes à reproduire la maturité politique qu'ils avaient démontrée durant l'élection présidentielle. En outre, une Mission d'Observation électorale de l'Union européenne au Mali (MOE UE Mali) s'est déployée à l'invitation du gouvernement de la République du Mali pour observer les élections législatives. Il s'agit de la deuxième mission d'observation électorale mise en place par l'UE au Mali, après celle de juin à septembre derniers pour la présidentielle des 28 juillet et 11 août 2013. L'observation des élections manifeste l'intérêt et l'attachement de l'UE au développement d'élections démocratiques dans le cadre plus général de son soutien à la démocratie, à l'Etat de droit et aux droits de l'homme.